Hôpital de campagne envoyé par la France à Gölbaşı, dans la province d'Adiyaman / Photo AA (Others)

La Turquie a accueilli en début de semaine, l’hôpital de campagne déployé par la France à la demande du président Emmanuel Macron, pour venir en aide aux victimes des deux séismes qui ont frappé le pays le 6 février.

Ce dispositif, qui peut accueillir jusqu’à 100 patients par jour, est au cœur du soutien français même si de nombreux effectifs restent mobilisés dans les décombres, pour aider à la recherche et au secours des survivants.

Les hôpitaux de campagne, pionniers en médecine de catastrophe

Si elle est communément appelée “hôpital de campagne”, cette structure est en réalité un “ESCRIM” (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale), et permet un appui conséquent en cas de grande catastrophe.

“Imaginée en 1985, au lendemain du tremblement de terre de Mexico, par Thierry Prunet et Michel Orsel, médecins de sapeurs-pompiers volontaires dans le Gard, cette structure aérotransportable a considérablement évolué depuis sa toute première mouture, laquelle se résumait à deux caisses conditionnées dans un Pick-up”, explique le ministère de l’intérieur dans une publication dédiée aux ESCRIM.

Grâce à des années d’évolution et d’amélioration, l’hôpital de campagne est désormais devenu “une structure hospitalière autonome, unique en son genre” et “permet de prendre en charge des patients avec une qualité de prestation comparable à une structure en dur, à l’exception de certaines spécialités comme la chirurgie cardiaque ou la neurochirurgie lourde”.

“Autonome, l’hôpital français assure son propre soutien logistique et n’a pas vocation à rester dans un pays au-delà du temps nécessaire au retour à la normale, après le passage d’une catastrophe” précise-t-on de même source.

Les principaux déploiements d’ESCRIM

Depuis la création de ces hôpitaux de campagne, la France les a envoyés à de nombreuses reprises à l’étranger, lors de grandes catastrophes.

L’ESCRIM a notamment été déployé pour des tremblements de terre, à Mexico en 1985, en Arménie en 1988, en Iran en 1990, en Turquie en 1992, en 2003 en Algérie et en Haïti en 2010.

Mais au-delà des séismes provoquant d’immenses dégâts matériels et humains, l’ESCRIM a pu appuyer d’autres pays comme la République du Congo pendant la guerre civile en 1997, la Macédoine confrontée à un grand afflux de réfugiés en 1999, l’Indonésie frappée en 2004 par un tsunami ou encore le Sri Lanka pendant la guerre civile de 2009.

“Nous pouvons traiter tout type de pathologie dans cet hôpital de cent lits. Du petit bobo jusqu’à la traumatologie qu’on peut retrouver sur des théâtres de guerre” explique le colonel Jean Blanchard, médecin chef au service d’incendie et de secours du Gard et responsable de l’ESCRIM, cité par le ministère de l’intérieur.

Il assure que cet hôpital “respecte les mêmes normes sanitaires et les mêmes protocoles qu’une structure en dur classique” et dispose donc “d’un plateau technique avec deux blocs opératoires sous anesthésie générale et locale, d’un service de stérilisation, de radiologie et d’imagerie médicale numérique, de biologie pour les analyses de sang par exemple” et possède “une pharmacie centrale et une salle de réanimation”.

Quel dispositif dans la région d’Adiyaman en Turquie?

Dès le 6 février, la France a réagi très rapidement en apportant son soutien et en offrant son aide à la Turquie, durement touchée par une série de tremblements de terre.

Au total, ce sont 229 sauveteurs et effectifs de secours, qui ont été envoyés par Paris, dont 87 affectés à l’hôpital de campagne envoyé dans la région d’Adiyaman.

Dans le détail, cet ESCRIM de plus de 1000m2 “dispose de 2 blocs opératoires et peut accueillir jusqu’à 100 patients par jour” grâce à “45 sapeurs-sauveteurs des Formations militaires de la Sécurité civile et 42 sapeurs-pompiers et marins-pompiers”, comme le précise le ministère de l’Intérieur français.

“Parmi ces femmes et hommes figurent des chirurgiens, médecins, anesthésistes, infirmiers, sages-femmes, radiologues, biologistes, kinésithérapeutes, pharmaciens, auxiliaires de santé” a-t-onil par ailleurs détaillé.

Face à l’urgence, et en présence de l’ambassadeur de France en Turquie, Hervé Magro, deux blocs opératoires et une maternité ont notamment été inaugurés dès mardi pour accueillir les premiers patients dans la foulée.

La France insiste sur le caractère “autonome” de l’ESCRIM, car comme l’explique Claude Renaudeau, pharmacien et conseiller technique du directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), cité par le ministère de l’intérieur,

“après une catastrophe, nous ne devons jamais représenter un poids supplémentaire pour un État meurtri.”

Cette autonomie demande une constante discipline et le respect strict d’un certain nombre de règles”, plaide le spécialiste en mettant en avant le caractère “universel” de l’aide française.

À ce jour, Paris n’a pas annoncé la date de départ de son ESCRIM en Turquie et affirme être prête à rester autant qu’il le faudra, tandis que le président Emmanuel Macron a fait savoir qu’il était prêt à compléter son aide d'urgence “selon les besoins prioritaires” du pays.

AA