Le dernier tremblement de terre qui a secoué le sud de la Turquie et les répliques qui l’ont suivi mettent à l’épreuve la préparation du pays aux catastrophes et rappelle à la population la possibilité d'un séisme majeur.
La Turquie est située au sommet de l'une des zones sismiques les plus actives du monde, la faille nord-anatolienne et les failles voisines couvrant la majeure partie du pays.
Le 23 novembre de l'année dernière, la province de Duzce, dans le nord-ouest du pays, a été frappée par une secousse de magnitude 5,9, qui a fait au moins 80 blessés.
Le tremblement de terre a également été ressenti dans la capitale, Ankara, et dans la plus grande ville du pays, Istanbul, selon des responsables et des témoins.
En 1999, la Turquie a été frappée par deux tremblements de terre violents. L'un d'eux de magnitude 7,1 a fait 710 morts et 2679 blessés, était centré sur Duzce.
Trois mois auparavant, un séisme de magnitude 7,6 avait également frappé le pays près de la ville d'Izmit. Ressenti à Istanbul et dans de nombreuses autres régions, Il a causé d'importants dégâts et fait au moins 17.000 morts.
Ces séismes jettent la lumière sur la préparation du gouvernement aux catastrophes, tout en rappelant à la population les mises en garde maintes fois répétées des experts concernant une éventuelle secousse majeure qui pourrait frapper le pays à tout moment.
Istanbul, ville de plus de 15 millions d'habitants, est située le long de la faille nord-anatolienne, et les gens anticipent le "big one" depuis des années.
Avec son histoire de puissants tremblements de terre, le gouvernement s'est préparé à une urgence majeure.
Voici comment les organismes d'atténuation des catastrophes s'y prennent :
Simulations de tremblements de terre
En mai dernier, des milliers de travailleurs humanitaires, de bénévoles et d'habitants ont participé à l'un des plus vastes exercices de préparation aux tremblements de terre dans 18 sites d'Istanbul.
Les organismes de gestion de risques et de catastrophes et la direction de la gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) ont simulé un séisme de magnitude 7,5 en reproduisant des situations d'évacuation, de traitement des blessés et d'hébergement des victimes déplacées.
Dans le quartier de Kagithane, à Istanbul, les habitants ont également joué des rôles dans un scénario d'évacuation de bâtiments endommagés.
Des simulations de tremblement de terre sont organisées chaque année pour tester l'état de préparation des travailleurs et des volontaires. Les exercices ont également porté sur la recherche et le sauvetage.
Évaluations de la sécurité des bâtiments
En 2019, Istanbul s'est vu rappeler une nouvelle fois ces dangers à la suite d'un tremblement de terre de magnitude 5,8, le plus intense depuis près de deux décennies. Des habitants, en panique, se sont rués hors des bâtiments.
Au cours des neuf dernières années, le ministère de l'Environnement, de l'Urbanisme et du Changement climatique a déclaré avoir déjà "évacué ou démoli" environ 673.000 logements et structures qui ne sont pas conformes aux normes de sécurité.
Le nombre de ces bâtiments à Istanbul est inconnu, mais un rapport publié en 2020 estime que 194.000 bâtiments pourraient être fortement endommagés ou détruits en cas de séisme majeur à Istanbul.
Dès 2003, Istanbul s'est dotée d'un plan d'atténuation des effets des tremblements de terre, qui prévoit également l'étude et l'évaluation de la sécurité des bâtiments et autres structures.
“Se baisser, s’abriter, s’agripper”
En novembre dernier, un exercice national a également été organisé dans tout le pays dans le cadre d'une "stratégie intégrée de gestion des catastrophes" en cas de séisme majeur.
Plusieurs exercices sont réalisés chaque année pour tester l'état de préparation de la Turquie.
Les exercices font partie d'une stratégie plus large qui comprend trois volets: la préparation avant la catastrophe et la réduction des risques, la réponse pendant la catastrophe et le rétablissement après.
Lors de l'exercice du 12 novembre, les habitants de tout le pays ont reçu une alerte sonore sur leur téléphone, ainsi qu'une notification par SMS en turc et en anglais : "Ceci est une annonce d'exercice de tremblement de terre de l'AFAD,".
L'alerte rappelait également aux gens de "se baisser, s’abriter et s’agripper" en cas de tremblement de terre.
Lors de l'événement, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que, même s'il n'est pas possible d'empêcher un tremblement de terre, quelques minutes d'apprentissage de l'exercice épargneront des vies.
En 2021, près de 57 millions de personnes ont reçu des informations relatives à la préparation aux catastrophes, tandis qu'en 2022, de multiples exercices ont été organisés pour tester l'état de préparation de la Turquie, a indiqué le gouvernement.