L'alimentation a particulièrement augmenté en juillet. "La boulangerie, les produits laitiers, la viande et les légumes", mais aussi "les plats à emporter", énumère Grant Fitzner, chef économiste de l'Office national des statistiques (ONS), sur Twitter.
L'inflation, qui atteignait déjà 9,4% sur un an en juin, reste à son niveau le plus élevé en 40 ans.
Elle accélère plus vite que les prévisions des économistes et pourrait dépasser 13% en octobre, prévoit la Banque d'Angleterre, lorsque des hausses drastiques des prix de l'énergie, qui flambent eux aussi, doivent entrer en vigueur pour les particuliers.
En conséquence, le pouvoir d'achat des Britanniques fond à une vitesse record, avec des salaires réels, c'est-à-dire ajustés après les hausses de prix, qui ont perdu 3% pour les trois mois terminés fin juin, selon des chiffres publiés par l'ONS mardi.
L'économie accuse déjà le coup. Le produit intérieur brut (PIB) britannique s'est contracté de 0,1% au deuxième trimestre, avant une probable entrée en récession à la fin de l'année.
"Je comprends que les temps sont durs et que les gens s'inquiètent des augmentations de prix auxquelles les pays du monde entier sont confrontés", a réagi le ministre des Finances Nadhim Zahawi, mettant en avant le paquet de soutien de 37 milliards de livres (43,9 milliards d'euros) déjà annoncé par le gouvernement.
Mais de l'opposition aux ONG en passant par les entreprises, de nombreuses voix appellent à faire bien davantage pour les ménages modestes face à des hausses de prix historiques.
Et si le pouvoir d'achat est au cœur de la campagne des conservateurs pour choisir le successeur du Premier ministre démissionnaire Boris Johnson, les critiques enflent face à l'inaction de l'exécutif avant que les deux finalistes Liz Truss et Rishi Sunak ne soient départagés début septembre.
Croquettes et brosses à dents
"La crise du coût de la vie est désormais bien réelle pour les ménages et les entreprises, il faut donc une solution concrète pour soutenir les plus vulnérables face à des factures énergétiques plus élevées", réclame le syndicat patronal CBI dans un communiqué.
Les données de l'ONS "indiquent que l'inflation a augmenté plus fortement au Royaume-Uni que dans d'autres pays du G7" et "de nombreux consommateurs sont déjà contraints de faire des choix" difficiles pour équilibrer leur budget'', selon Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown.
A titre de comparaison, la hausse des prix à la consommation en France s'est accélérée en juillet pour atteindre 6,1% sur un an, tandis que l'inflation a ralenti aux Etats-Unis à 8,5%, selon des chiffres publiés la semaine dernière.
Outre-Manche, l'inflation a été généralisée le mois dernier, note l'ONS.
Au-delà de l'alimentation et l'énergie, elle a touché des articles de base tels que les aliments pour animaux de compagnie, le papier toilette, les brosses à dents et déodorants mais aussi, en pleine période de vacances scolaires, les séjours et le transport aérien.
Le coût des matières premières et des biens à la sortie des usines a lui aussi continué d'augmenter.
La Banque d'Angleterre, qui a déjà relevé plusieurs fois ses taux d'intérêt depuis 2021 pour tenter de calmer l'inflation, avait annoncé début août une hausse de son taux directeur d'un demi-point de pourcentage, la plus forte augmentation depuis 1995.
"L'étendue et l'ampleur de l'inflation mettent une pression supplémentaire sur la Banque d'Angleterre" pour poursuivre les hausses au-delà de son taux actuel de 1,75%, estime l'économiste de KPMG Yael Selfin.