Robert Bourgi, un acteur clé de la françafrique met en exergue la mainmise  de la France sur la politique de certains pays africains./ Photo: AFP   (AFP)

L’avocat franco-libanais Robert Bourgi, l’un des piliers de la Françafrique avec feu Jacques Foccart fait des révélations sur les rapports entre des anciens chefs d’Etat français et des présidents africains, dans son dernier essai : “Ils savent que je sais tout. Ma vie en Françafrique”, paru chez Max Milo.

Bon connaisseur de l’Afrique, Bourgi, qui a travaillé avec les présidents Jacques Chirac et Sarkozy, a côtoyé plus d’un chef d’Etat africain d’expression française. D'Houphouët Boigny à Bongo en passant par Sassou Nguesso, Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré, Alassane Ouattara, Idriss Deby, entre autres, les relations entre la France et l'Afrique n'ont aucun secret pour lui.

Il était un maillon clé de la Françafrique, ce système de domination politique, économique et financier de la France, pensé par De Gaulle et implémenté par Jacques Foccart, alors son “conseiller Afrique”.

A l’occasion de la sortie de son autobiographie, “Ils savent que je sais tout”, il a fait des révélations sur le financement de la classe politique française par des présidents africains.

A l’approche d’une élection présidentielle en France, Jacques Chirac, révèle Robert Bourgi, actionnait le mécanisme informel de financement en vigueur dans la Françafrique. Il missionnait alors “ce monsieur Afrique” de traduire “ l’appel des fonds” auprès de certains présidents africains.

“ Un jour, (...) j’ai accompagné l’ambassadeur du Gabon à Paris chez Chirac qui était Président de la République. (...)Cela se passait dans le bureau de Dominique de Villepin (alors Secrétaire général de l’Elysée, ndlr), explique Bourgi à France 24. La porte mitoyen s’ouvrait, Chirac entrait.(...) L'ambassadeur lui dit Monsieur le Président, pour votre action politique, le président Bongo m’a chargé de vous remettre cette mallette”.

“Chirac regarde la mallette et voit qu’il y a des codes.(...) J'étais le seul à connaître le code avec Pascaline (la fille de feu le président Bongo, ndlr), 555 explique” Bourgi.

“Lorsque le Président (Chirac, ndlr) ouvre la mallette, il s’exclame Ah, il m’a gâté : que des billets de 500 (euros, ndlr)”.

Et Bourgui d’expliquer : “les billets de 500 ne prennent pas assez de place Monsieur le Président. C’est comme cela que ça se passait (...)”.

Outre feu le Président Bongo, Bourgi explique qu’en 1995, Denis Sassou Nguesso du Congo, Mobutu Sese Seko de l’ex-Zaïre, Blaise Compaoré du Burkina Faso “contribuaient” à “au moins un million de dollars”. En 2002, ce système recrutait deux nouveaux “contributeurs” : Abdoulaye Wade du Sénégal et Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, “pour s’attirer les bonnes grâces de la France” pour le dernier cité.

“Je vais le vitrifier”

Autres révélations de Bourgi, c’est l’influence des présidents français d’alors sur la vie politique en Afrique. D'après Bourgi, le président Laurent Gbagbo avait “gagné la présidentielle en Côte d’Ivoire” en 2000. Indésirable, Sarkozy avait échoué à le convaincre de se désister au profit d'Alassane Ouattara.

Son arrestation et son transfèrement à la CPI participerait d'après Bourgi d’une “punition” de Sarkozy. “Je vais le vitrifier”, avait promis l’ancien président français, témoigne l’auteur de “Ils savent que je sais tout. Ma vie en Françafrique”. Par la suite, l’ancien président Laurent Gbagbo passa 10 ans dans les geôles de la CPI, au pénitencier de Scheveningen (aux Pays-Bas) avant d'être totalement acquitté le 31 mars 2021, pour les accusations de “crimes contre l'humanité” prétendument perpétrés en Côte d'Ivoire entre 2010 et 2011.

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