“Hey Siri, peux-tu appeler maman?”, “Hey Siri, donne moi le meilleur restaurant dans telle rue”. Siri est devenue une indispensable assistante qui, de sa douce voix, répond à toutes nos demandes, même les plus improbables, mais il y a un problème, Siri cherche tout, trouve tout et écoute tout !
Selon la cellule d’investigation de Radio France et du journal Le Monde, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a porté plainte contre Apple, car la firme collecte massivement vos conversations, vos moments intimes ou vos confessions autour d’un café.
La plainte contre X pour violation de la vie privée, traitement illicite des données personnelles et pratique commerciale trompeuse s’appuie sur les informations d’un ex-employé devenu lanceur d’alerte.
Les pratiques d’Apple sont contraires au Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui prévoit un consentement "éclairé" des utilisateurs avant toute collecte d’informations personnelles, insiste la LDH.
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Siri se déclenche toute seule
Un ancien employé d'Apple est à l’origine de cette affaire. Il a été embauché par le géant américain dans un de ces centres de traitements en Irlande. Il devait écouter les enregistrements du programme collecte de foule (“crowd collect”) et corriger les erreurs du chatbot Siri.
Erreurs de prononciations, méconnaissance culturelle, Apple voulait améliorer les performances de Siri. Avant les révélations de ce repenti de la tech, ce travail massif d’écoute, de transcription et de balisage des enregistrements déclenchés par Siri était totalement ignoré des utilisateurs Apple.
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Autre problème, ces enregistrements sont des captations de conversations avec Siri, donc avec la participation du propriétaire de Iphone ou d’Ipad mais certains de ces enregistrements ont été réalisés à l’insu des personnes, Siri se déclenchant parfois seule.
Ce sont des “accidental trigger” (“enregistrements accidentels”) selon la société Apple, mais rien ne le prouve.
Et surtout, les employés chargés de corriger et vérifier ces enregistrements entrent dans l’intimité des personnes sans leur consentement. Certains entendent des scènes de ménage, des conversations politiques ou des moments très intimes.
Un procès aux États-Unis contre Apple
À la suite du témoignage de Thomas Le Bonniec et de plusieurs autres employés du projet Crowd Collect, Apple a annoncé mettre fin à son programme de notation de Siri. La compagnie affirme que seuls 0,2% des requêtes Siri et leur transcription ont été traitées et conservées.
Apple insiste aussi sur le fait que ces données n’ont pas été utilisées à des fins commerciales et que personne ne peut être identifié, chaque appareil Apple générant un identifiant alphanumérique, unique et anonyme.
Les explications de la firme à la pomme sont tout de même à prendre avec précaution car ce vendredi la justice californienne doit se prononcer sur un recours collectif. Des usagers américains accusent Apple d’avoir enregistré, traité et conservé sans leur consentement leurs conversations privées, entre 2014 et 2024.
Et ces conversations ont été utilisées à des fins commerciales, et non pas seulement pour améliorer les performances de l’assistant Siri.