Les manifestants pro-palestiniens ont mis en cause quatre hauts responsables israéliens devant un tribunal populaire.
Sur la dalle du Val nord à Argenteuil, les militants et autres riverains ont joué le jeu à l’occasion d’une rencontre quelque peu atypique. Face à des juges et procureurs autoproclamés, le temps d’un procès fictif, certains participants ont même endossé le rôle de jurés pour juger quatre ministres israéliens.
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Absents sur le banc des accusés, les faux magistrats ont ainsi présenté les mis en cause : Yoav Gallant, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ministres de la Défense, des finances et de la sécurité nationale d’Israël, sans oublier l’un des "principaux concernés dans le génocide de Gaza ", le premier ministre Israélien Benjamin Netanyahu.
Ce sont d’ailleurs les rumeurs d’une visite de ce dernier en France qui ont poussé le collectif Argenteuillais à organiser cette action.
Membre d’Argenteuil Solidarité Palestine, depuis plus de dix ans, Fethia Kerkar a joué le rôle de procureure de la république lors de cette simulation, organisée dans le quartier du Val d’Argenteuil.
"L’idée a germé alors qu'on était en train de faire une de nos tonnelles pour la Palestine. Tous les dimanches on se retrouve au marché d'Argenteuil pour récolter des dons pour le PMRS une association de médecins palestiniens et ce jour-là on discutait de la probable venue de Netanyahu en France et ça nous a vraiment heurtés. On a donc décidé d’organiser un événement pour dénoncer cela et on a pensé au procès. On s'est appuyé un peu sur le procès pour génocide de la Cour internationale de justice et on a décidé d'en faire un tribunal populaire, en associant les gens d'Argenteuil pour montrer que les peuples du monde sont contre ce qui se passe en Palestine, bien que les médias essaient de nous vendre l'histoire inverse en prétendant que ce sont les Israéliens qui sont agressés par les Palestiniens ", explique Fethia Kerkar au micro de TRT Français.
Crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide à Gaza
Lors du procès fictif, les quatre responsables israéliens ont été visés par plusieurs chefs d’accusations, entre autres : crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou encore génocide. Les faux juges et procureurs ont fait part au public, venu assister à l’audience, de preuves réelles incriminants les quatre ministres placés sur le banc imaginaire, des accusés.
Successivement, les magistrats d’un jour, ont présenté une plaidoirie démontrant l’implication et la responsabilité du gouvernement Netanyahu dans le génocide de Gaza, à travers des photos et extraits audios.
Des documents mettant en scène "le massacre de civils, les persécutions, les rafles et internements de civils en camps militaires ainsi que la torture des déportés", l’utilisation de "la famine comme arme de guerre" et l’orchestration de "déplacements forcés de populations, d’urbicides, de domicides et d’écocides".
Si le procès organisé par l’ASP n’est pas réel, les faits présentés par les participants sont eux avérés. Des actes condamnés par les militants présents lors de cet évènement. C’est notamment le cas de Moustapha Mansouri. Cet acteur associatif argenteuillais regrette le silence de nombreux gouvernements face au"carnage qui se passe actuellement en Palestine".
"Pour l'instant tout le monde attend que la communauté internationale condamne et prenne des décisions fermes qui soient réellement concrètes sur le terrain, mais c'est vrai que ça fait du bien au peuple de donner son avis, de faire son propre jugement, de dire ce qu'il pense et de de donner son verdict réel sur la situation. Avec les jeux olympiques la question a été un peu oubliée et aussi avec le gouvernement qui n'a pas été formé on nous a endormi sur plusieurs choses ! "
En effet, selon de nombreux activistes pro-palestiniens, depuis le début des Jeux olympiques "la cause Palestinienne est quelque peu plus étouffée" dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pourtant ces dernières semaines, des milliers de Palestiniens sont encore tombés sous les balles de l’armée Israélienne, à Gaza, sans compter le nombre de blessés et de déplacés. Le triste bilan s’est d’ailleurs alourdi à plus de 40 000 morts en Palestine.
Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a d’ailleurs évalué à 130, le nombre de personnes tuées quotidiennement, en moyenne, à Gaza depuis le mois d’octobre dernier.
Une situation également dénoncée par Paul Vannier. Pour le député LFI de la cinquième circonscription du Val d’Oise, qui appelle à poursuivre la mobilisation, "Gaza est le conflit dans lequel la population de ce territoire est la plus durement touchée, la plus affectée par la guerre depuis le début du 21ème siècle ".
Tout juste réélu, il y a quelques semaines, le député tenait à "être présent" à cet évènement organisé dans sa circonscription, "pour dire que nous parlementaires nous ne cesserons pas de condamner ce qui se passe en ce moment à Gaza, en Cisjordanie et au-delà de ces condamnations, nous allons continuer à interpeller les autorités de ce pays, en attendant la formation d'un nouveau gouvernement français, notamment le président de la République, pour lui demander d'agir tout de suite pour le cessez-le-feu immédiat à Gaza, l'arrêt des livraisons d'armes et la condamnation très claire des crimes de Netanyahu à Gaza, en Palestine. "
Et d’ajouter, "Il y a à la fois une attention qui s'est détournée en raison de l'actualité, des Jeux olympiques… et aussi malheureusement et c'est tragique il y a le temps qui passe. On entre dans le 11e mois de cette guerre menée par l'armée israélienne à Gaza et on est aujourd'hui à plus de 40000 morts officiellement. Un bilan qui est d'ailleurs probablement très sous-estimé ! Il y a beaucoup de scientifiques qui ont fait des analyses, des études et ils estiment qu'il y a peut-être 150 000 peut-être bientôt 200 000 morts à Gaza! C'est une période de grande gravité où le temps très précieux passe et ce temps qui passe ce sont des centaines de morts chaque jour, beaucoup d'enfants, beaucoup de civils, une écrasante majorité de civils. C'est inacceptable et insupportable cela doit s'arrêter tout de suite !", s’indigne Paul Vannier au micro de Trt Français.
Malgré la demande de mandats d’arrêts contre Benjamin Netanyahu et son ministre de la défense de la part du procureur de la cour pénale internationale, le gouvernement Israélien semble faire fi de toute sanction.
De son côté le tribunal populaire d’Argenteuil a rendu son verdict. La décision a été sans appel. Benjamin Netanyahu et ses trois ministres, tous qualifiés de génocidaires par l’assemblée, ont été condamnés par le jury populaire à plus de 20 ans de réclusion criminelle. Une sanction imaginaire que les militants ont confiée, haut et fort, espérer voir un jour devenir réalité.