Paris quitte symboliquement le réseau social X ce lundi 20 janvier alors que Donald Trump est investi à la présidence des États-Unis. C’est aussi ce lundi que le milliardaire soutien des extrêmes-droites, Elon Musk, se tiendra aux côtés du nouveau président américain comme financeur de la campagne électorale et comme futur conseiller à l’efficacité de l’administration fédérale.
À ses centaines de milliers d’abonnés, la ville de Paris explique sa décision : “La Ville de Paris fermera son compte lundi prochain, le 20 janvier. C’est un choix difficile mais primordial de re-faire la société sur des espaces d’expression apaisés.
Plus que jamais, Paris est attaché aux faits et à la véracité de l’information.”
Un mouvement, baptisé le “déménagement numérique”, a même été lancé en novembre dernier pour inciter organisations et personnes à quitter X et à migrer vers Mastodon et BlueSky.
Le mathématicien et directeur de recherche au CNRS David Chavalarias est l'un des initiateurs d'HelloQuitteX. Il dénonce un algorithme qui privilégie les insultes et les fausses informations. "Dans le fil X 'pour vous', on a un enrichissement à plus de 50% de contenus dits toxiques, c'est-à-dire que l'algorithme fait remonter les contenus les plus insultants, les plus polémiques".
Sur le site de HelloquitteX, ils avancent comme argument la nécessité pour les démocraties d’agir pour ne pas disparaître.
Des défections dans le sérail politique
Des médias comme Ouest-France et Médiapart ont déjà quitté le réseau déserté également par plus de 80 associations, dont La Ligue des droits de l'Homme, France Terre d'asile et Emmaüs France, qui ont annoncé, dans une tribune publiée mercredi dernier, leur départ lundi du réseau social X, devenu, selon eux, dangereux.
Du côté des politiques, c’est une tendance sans être une lame de fond. Le président de la région Grand-Est, Franck Leroy est le dernier en date lorsque samedi dernier il annonce la fermeture du compte X de la région. Selon lui, X est devenu un outil destiné à attaquer la démocratie: “Ce sont des évolutions récentes, à la fois des prises de position inacceptables sur certains scrutins européens, notamment en Allemagne où il apporte un soutien appuyé à des néonazis, et des algorithmes mis en place encourageant le développement des fake news et des thèses complotistes, je souhaite que l’Europe et la France réagissent très fermement !”.
Les présidents de la région Bretagne et Nouvelle-Aquitaine ont pris la même décision quelques jours auparavant. On peut lire sur leur page que le compte est désormais inactif, sans plus de détail sur les raisons de cette décision.
Les partis politiques français ne bougent pas vraiment. Ainsi, Sandrine Rousseau, députée écologiste, a annoncé fermer son compte mais le parti vert n’a pas suivi.
Le gouvernement français ne semble pas concerné par le mouvement et garde plutôt une ligne d’attentisme. Vendredi, lors d’une interview sur Ouest-France, la porte-parole du gouvernement a assuré que le départ de X n'était pas du tout d’actualité. "Ce n'est pas à nous de quitter ces plateformes, mais plutôt à celles-ci de se conformer aux règles européennes en vigueur", a-t-elle ajouté.
Elon Musk joue le jeu de l’extrême droite en Europe
Elon Musk prend régulièrement sur son compte X des positions très critiques envers les dirigeants européens. Il a pris parti pour l’AFD en Allemagne et insulté le chancelier Olaf Scholz alors que la campagne électorale bat son plein pour les législatives anticipées prévues le 23 février prochain. Il a même écrit : “Seul l’AFD peut sauver l’Allemagne”, et a diffusé sur son réseau une interview de plus d’une heure qu’il a réalisée avec la dirigeante de l’AFD Alice Weidel.
Il a également insulté le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et accusé des migrants d’être responsables de la mort d’une petite fille l’été dernier à Southport. Ces accusations ont été lues et relayées plus d’un million de fois. Des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes du pays après ce fait divers.
Le réseau social X rassemble 100 millions d’utilisateurs au sein de l’Union européenne dont de nombreux parlementaires s’inquiètent de la volonté d’Elon Musk de s’immiscer dans la politique européenne et de soutenir l’extrême droite.
Tout le monde a en tête le cas récent de la Roumanie où un parfait inconnu soutenu par la Russie et la Chine est devenu très populaire grâce aux algorithmes.
Le candidat d’extrême droite, Calin Georgescu, est arrivé en tête du premier tour mais le second tour a été annulé par la Cour constitutionnelle le 6 décembre dernier pour réaliser une enquête pour manipulation du scrutin sur le réseau social TikTok.
Depuis la démission du commissaire européen Thierry Breton, Bruxelles a mis en pause ses enquêtes contre les géants américains du numérique dont X, pour abus de position dominante.