Un camp de migrants en cours de démantèlement au nord de Paris / Photo: Getty Images (Getty Images)

Cette tribune résonne comme une réponse aux propos du Premier ministre qui a parlé de “submersion migratoire”, ce que les chiffres infirment et que ces associations nient, elles qui travaillent avec ces migrants jour après jour. Les 80 associations signataires de la tribune dénoncent le manque de mesures d'accueil, d’aides et d’hébergement pour les personnes qui arrivent en France démunies. “Il est urgent de résoudre dix ans d’une situation intenable : celle du non-accueil et de la violence institutionnelle envers les personnes exilées.”, écrivent-elles.

Il n’y a pas de crise migratoire

Premier point mis en avant dans cette tribune, il n’y a pas de crise migratoire, mais il y a une crise dans la gestion des migrants. Le système s’est grippé et fonctionne comme un entonnoir qui réduit de plus en plus les voies de passage.

Ces associations pointent du doigt les mesures prises pour décourager, ou rendre plus difficile le parcours du demandeur d’asile. Quelques exemples sont donnés qui illustrent l’inventivité d’une administration débordée, voire réticente. Ainsi, elles citent la dématérialisation du guichet de demande d’asile, devenu un numéro de téléphone payant en 2017, ou encore la dématérialisation des demandes de titres de séjour, obligeant les demandeurs à trouver un ordinateur ou à attendre dans les files d’attente immenses qu’on peut parfois voir devant les Préfectures face à des guichets trop peu nombreux pour traiter tous les dossiers.

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Le résultat, c’est bien sûr, l’apparition de campements, suivis par leur démantèlement, puis le déplacement de ces sans-abris vers d’autres régions où il n’y a pas de places d’hébergement disponibles. Ce système est un cercle vicieux car la politique migratoire de la France se fait de moins en moins accueillante au fil de ces dix dernières années.

Les auteurs de cette tribune soulignent d’ailleurs que “cette situation de non-accueil, c’est aussi dix ans de victoire idéologique de l’extrême droite, car elle est pensée structurellement pour éviter un supposé “appel d’air “.

Les exilés condamnés à vivre dans la rue

La politique des gouvernements successifs contraint les exilés à une vie dans la rue, y compris les enfants et les femmes, ce qui est supposé être dissuasif.

“La réponse politique a toujours été plus policière qu’humanitaire, dévoyant l’usage initial prévu du service public policier. Les expulsions et le harcèlement par les forces de l’ordre sont ainsi devenus l’une des conditions structurelles du quotidien des personnes exilées à Paris”, dénoncent les auteurs.

En conclusion, ils appellent les autorités à mettre un terme “à une décennie de non-respect des droits humains et de nos engagements en droit international”, ce qui requiert notamment d’ouvrir des dispositifs de premier accueil à Paris et en région.

Cette tribune est publiée dans un contexte politique où le nouveau ministre de l’Intérieur croit dur comme fer à une “invasion” migratoire. Fin 2024, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a adressé une circulaire aux préfets, leur demandant d’appliquer une politique migratoire à la ligne dure, ce qui équivaut selon lui à plus d’expulsions et moins de régularisations.

Agences