Mieux vaut tard que jamais. La France à un nouveau premier ministre. Près de deux mois après le résultat des élections élections législatives et 52 jours après la démission du gouvernement, le président français a nommé à Matignon un homme de droite, Michel Barnier, ancien commissaire européen et ministre à plusieurs reprises.
A 73 ans, le plus ‘vieux’ Premier ministre de la Ve République succède ainsi au poste de chef du gouvernement à Gabriel Attal qui en était le plus jeune, puisque âgé de 35 ans.
Doté d'une solide expérience politique en France comme à Bruxelles, Michel Barnier est réputé bon médiateur : il a été le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit lorsque le Royaume-Uni a quitté le bloc continental. Avant cela, il a été ministre à plusieurs reprises. Et ce, depuis 1993, notamment, sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.
Il devra désormais user de toutes ses qualités diplomatiques pour former un gouvernement susceptible d'échapper à la censure parlementaire et mettre fin à la plus grave crise politique de ces cinquante dernières années.
Une tâche aux allures de mission impossible, tant aucune coalition viable n'a jusqu'ici émergé. L'Assemblée issue des législatives de juillet est fragmentée en trois blocs, la gauche, le centre droit et l'extrême droite.
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En attendant, les ministres démissionnaires vont, eux, rester en fonction pour continuer de gérer les affaires courantes, le temps de négociations avec les partis que beaucoup prédisent longues et difficiles.
"Election volée"
Les réactions à cette nomination ne se sont pas faites attendre du côté de la gauche, qui a vu l’option Lucie Castets rejetée par le président de la République. Emmanuel Macron "continue de se vivre comme un autocrate. En nommant Michel Barnier, le président refuse de respecter la souveraineté populaire et le choix issu des urnes", a réagi la cheffe des députés La France Insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot. "L'élection a été volée au peuple français. Le message a été nié" a, quant à lui, déclaré Jean-Luc Mélenchon.
Le premier secrétaire du PS, M. Faure, décrit, de son côté, sur X un "déni démocratique porté à son apogée : un Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position" aux élections législatives, en référence au parti de droite Les Républicains.
Le Rassemblement national par la voix de son président, Jordan Bardella, a réagi sur X : "Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action. Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d'achat, la sécurité, l'immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d'action si ce n'était pas le cas dans les prochaines semaines" . Marine Le Pen a précisé que le RN ne déposerait pas de motion de censure immédiate contre son gouvernement et a ajouté : "Nous avons posé un certain nombre de conditions, la première étant d'avoir un Premier ministre qui soit respectueux des électeurs du RN […] je pense que M. Barnier correspond à ce critère".