Avec 400 000 exploitations agricoles dans l’hexagone, le président français ne peut se mettre à dos ses agriculteurs et leur mobilisation ne faiblit pas.
Ce matin de nouvelles actions sont en cours. Une manifestation est organisée devant la Préfecture de l’Essonne, 50 tracteurs sont arrivés dans les rues de Bordeaux. Près de Béziers, les agriculteurs manifestent sur l’autoroute A9. Le réseau social X multiplie les messages d’alerte des Préfectures françaises qui mettent en garde les automobilistes. Sur les pancartes on peut lire : “Stop à l'agricide”. La coordination rurale, second syndicat agricole français appelle à rejoindre cette mobilisation, ce mardi, pour dénoncer les pertes de revenus des agriculteurs et pour dire non au projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Le Mercosur, pour rappel, est une alliance économique qui comprend l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie.
Ce nouvel accord commercial signerait la mort de nombreuses exploitations agricoles, selon les syndicats.
La France peut-elle bloquer le texte négocié par l’UE ?
Emmanuel Macron a réitéré, depuis Rio de Janeiro au Brésil où se tient le sommet du G20, son opposition à l’accord UE-Mercosur.
Selon le président, la France n’est pas isolée dans l’Union européenne, le texte qui va être présenté au parlement européen est dépassé. Il propose, dans ce sillage, de discuter une autre forme d’accord avec les pays du Mercosur.
Les négociations autour de ce traité de libre-échange ont pris fin en juin 2019, après presque 25 ans de discussion. Le texte prévoit, ainsi, la suppression de la majorité des droits de douane entre les deux marchés sur de nombreux produits, facilitant par exemple le commerce de voitures européennes ou encore de viande bovine brésilienne.
L’accord UE-Mercosur est prêt à être signé
La présidente de la Commission européenne assure que l’accord est dans sa dernière ligne droite. Certains membres de l’UE appellent à accélérer sa signature, car les menaces de Donald Trump d’imposer des taxes douanières pourraient réduire le marché américain.
Pour calmer les agriculteurs, la France essaie d’ajouter au texte des “clauses miroir”, c'est-à-dire imposer aux produits exportés vers l’UE les mêmes règles de production qu’en Europe mais le contrôle de ces règles est difficile sur des animaux élevés en Amérique du Sud ou sur du soja. Il n’est, donc, pas certain que ces mesures suffisent à calmer la grogne des producteurs européens.
La position française irrite au sein de l’Union européenne. L’accord commercial doit normalement être accepté par un vote à l’unanimité au Conseil de l’Union européenne et une ratification des Parlements nationaux. Dans ce scénario, la France dispose d’un droit de véto permettant de bloquer l’accord.
Mais il apparaît, toutefois, que l’Union européenne envisage de scinder le texte en deux : un accord commercial qui peut être adopté à la majorité qualifiée (15 États sur 27), et un accord politique nécessitant un vote à l’unanimité.