L'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a promis des actions partout en France jusqu'à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs". (Others)

À Strasbourg, les manifestants visent le Parlement européen pour des échanges avec les eurodéputés mais des actions ont lieu dans toute la France. Les autorités ont recensé une vingtaine d'actions depuis lundi, des blocages de plateformes logistiques ou des actions dans des supermarchés.

"Nous défendons une exception agriculturelle. Il faut sortir l'agriculture des traités de libre-échange. On ne peut plus continuer à échanger un steak contre une voiture", a exposé Sophie Lenaerts, vice-présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, à l'initiative de la manifestation à Strasbourg.

Moins d'un an après une mobilisation historique et après un été difficile marqué par de mauvaises récoltes et des maladies animales, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.

L'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a promis, de son côté, des actions partout en France jusqu'à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs", selon le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

Cette mobilisation contre le carcan des règles et de l'administration intervient après une première semaine de protestations contre une "Europe passoire", permettant des importations de produits ne respectant pas les normes imposées aux agriculteurs européens.

"Concurrence déloyale"

Lundi, des militants de la FNSEA ont bâti un mur devant la préfecture des Ardennes, dans le nord de la France, pour "représenter la distance qui sépare le paysan et l'administration".

"Le message, c'est stop aux réglementations qui tuent nos métiers", a déclaré un membre de ce syndicat, Thierry Huet.

Contre "la concurrence déloyale", des manifestants exigent notamment le retour de l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, réclamé par les producteurs de noisettes et de betteraves à sucre. Nocif pour les pollinisateurs, il est interdit en France, mais utilisé dans d'autres pays de l'Union européenne.

La ministre française de l'Agriculture, Annie Genevard, a promis, lundi, sur les ondes de la radio France Inter ,que les agriculteurs verraient "très, très vite" des choses concrètes.

Elle a aussi assuré que la France progressait dans la construction d'une minorité de blocage au traité avec le Mercosur au sein du Conseil de l'UE, dont l'accord sera nécessaire une fois les négociations terminées : après l'Italie, la Pologne a exprimé son rejet vendredi.

L'exécutif français a, à plusieurs reprises, exprimé sa solidarité avec les agriculteurs.

Le traité avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) permettrait l'entrée en Europe de viande, de sucre ou de maïs importés sans droits de douane, risquant "de provoquer des déséquilibres profonds pour nos producteurs", qui seraient confrontés à une "concurrence déloyale", ont ainsi estimé les ministres de l'Agriculture et du Commerce extérieur dans une tribune publiée dans le quotidien Le Figaro.

L'exécutif espère un vote unanime qui donnerait du poids à la position française face à la Commission, qui négocie toujours cet accord, mais qui, poussée par des pays comme l'Allemagne et l'Espagne, ne cache pas son intention de parvenir à une conclusion avant la fin de l'année.

Néanmoins, rien n'est gagné. Si le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), qui compte le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges), a annoncé qu'il soutiendrait la position du gouvernement, le vote à gauche dépendra du débat et de la déclaration gouvernementale.

TRT Français et agences