Des étudiants et enseignants français se mobilisent contre la destruction du système éducatif palestinien. Plusieurs dizaines d'étudiants et académiciens français ont manifesté, hier mercredi 13 mars courant, contre le “génocide” et le “scholasticide “ en cours en Palestine. Ils se sont rassemblés en début de soirée, place de la Sorbonne à Paris, dans le cadre des Journées de mobilisation nationale et européenne dans les universités, à l'appel des collectifs “Urgence Palestine“ et “Passages Through Genocide“.
Dénonçant l'insuffisante action de la communauté internationale pour mettre fin aux crimes commis par les forces armées israéliennes contre la population palestinienne, notamment dans la bande de Gaza, les étudiants ont attiré l'attention sur le “scholasticide” en cours en Palestine.
Selon le groupe d'action Scholars against the War in Palestine (SAWP), le terme de scholasticide, conceptualisé par la professeure Karma Nabulsi de l'université d'Oxford, met en lumière la destruction systématique de l'éducation en Palestine par Israël. Initialement utilisé pour décrire les agressions israéliennes sur Gaza en 2009, le scholasticide remonte à la Nakba de 1948 et s'est intensifié après la guerre de 1967 sur la Palestine et l'invasion du Liban en 1982. Ce concept souligne l'importance cruciale de l'éducation dans la tradition et la révolution palestinienne, face aux politiques coloniales israéliennes visant sa destruction.
Ainsi, le scholasticide inclut divers actes tels que les assassinats et harcèlements d'enseignants et d'étudiants, la destruction d'établissements éducatifs, l'entrave à la reconstruction des écoles et universités, et la perturbation des structures éducatives existantes.
Ces actes, pratiqués également en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, ciblent aussi les citoyens palestiniens d'Israël et s'inscrivent dans une tentative plus large de rendre la bande de Gaza inhabitable, facilitant ainsi un "nettoyage ethnique complet", selon SAWP, qui estime que l'offensive israélienne en cours sur la bande de Gaza a marqué "une escalade du scholasticide, passant de la destruction systématique à l'annihilation totale de l'éducation".
Un bilan non exhaustif
Selon un bilan établi par SAWP en février dernier, Israël a bombardé la totalité des 11 universités de la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 : l'Université islamique de Gaza, l'Université Al-Azhar, l'Université ouverte d'Al-Quds, l'Institut universitaire des sciences appliquées, l'Université de Palestine, l'Université d'Israa, l'Université de Gaza, l'Université Al-Aqsa, l'Institut technique palestinien, l'Institut palestinien des sciences infirmières et l'Institut arabe des sciences appliquées.
Cela a empêché quelque 90 000 étudiants palestiniens de poursuivre leurs études universitaires. Environ 370 écoles ont été endommagées ou détruites, privant ainsi plus de 620 000 élèves d'école. Les attaques israéliennes ont également tué 231 éducateurs et universitaires, et au moins 707 autres blessés, selon les données du SAWP. Le nombre d'étudiants tués s'élève à un minimum de 4 237 et plus de 7 800 ont été blessés. Huit bibliothèques dédiées et quatre bibliothèques universitaires ont également été endommagées ou détruites.
Pour rappel, l'armée israélienne mène, depuis octobre dernier, des bombardements incessants et indiscriminés sur la bande de Gaza, tuant plus de 30 000 personnes et en blessant plus de 70 000 autres, des enfants et des femmes pour la majorité d'entre elles.
La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël de mettre fin aux actes pouvant relever du génocide et de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Malgré cette décision, les bombardements continuent, entraînant des déplacements massifs de population et des pénuries de produits de première nécessité.