Parmi les nombreux dirigeants qui affluent à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad, marquant la fin de l'isolement diplomatique imposé à la Syrie depuis la répression violente du soulèvement populaire en 2011, les chefs de la diplomatie française Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock sont arrivés ce vendredi matin à Damas, une visite qui intervient "sous mandat de l'Union européenne".
"Ensemble, la France et l'Allemagne se tiennent aux côtés du peuple syrien, dans toute sa diversité", a écrit vendredi sur le réseau social X le ministre français des Affaires étrangères. Les deux pays veulent "favoriser une transition pacifique et exigeante au service des Syriens et pour la stabilité régionale".
Jean-Noël Barrot a entamé sa visite par une rencontre avec les représentants religieux de la communauté chrétienne. "La France est attachée à une Syrie plurielle dans laquelle les droits de chacun sont préservés dans le cadre d’une citoyenneté commune", a souligné une source diplomatique.
Avant leur entretien avec le nouveau dirigeant syrien, les deux ministres se sont rendus à la prison de Sednaya, près de Damas, symbole de la répression de masse du pouvoir de Bachar al-Assad.
Accompagnés par des membres des Casques blancs et des secouristes syriens, ils ont visité les cellules et les geôles souterraines où les conditions de détention étaient inhumaines et où de nombreux détenus sont morts sous la torture.
Ils doivent également rencontrer des représentants de la société civile, réprimée par le pouvoir d'Assad.
Visite des ambassades
Jean-Noël Barrot s’est rendu à l’ambassade de France à Damas, où le drapeau français flotte à nouveau depuis le 17 décembre, date de l’envoi d’émissaires auprès des nouvelles autorités syriennes. Il a exprimé son souhait de voir une "Syrie souveraine, stable et apaisée", tout en soulignant la fragilité de cet espoir.
Fermée depuis 2012 à cause de la "répression sanglante" du régime Assad, l'ambassade prépare son éventuelle réouverture selon l’évolution de la sécurité.
L'Allemagne, dont l'ambassade est également fermée depuis 2012, avait envoyé des émissaires le 17 décembre, afin de nouer des contacts avec les autorités de transition, dont les premiers pas au pouvoir sont observés avec prudence.
Transition politique
Face au défi d'unifier le pays, Ahmad al-Chareh s'est engagé à dissoudre les factions armées, annoncé son intention de convoquer un dialogue national et indiqué que l'organisation d'élections dans son pays pourrait prendre quatre ans.
Il réclame une levée des sanctions internationales imposées au pouvoir de Bachar al-Assad après la répression dans le sang d'un soulèvement populaire en 2011 qui s'est ensuite transformé en une guerre ayant fait plus d'un demi-million de morts, a provoqué la fuite de millions d'habitants et morcelé le pays.
La France doit accueillir en janvier une réunion internationale sur la Syrie, qui intervient après une réunion similaire en décembre de ministres et responsables américains, européens, arabes et turcs.