Le président Macron lors d'une conférence de presse à Paris / Photo: AFP (AFP)

Pour sa première prise de parole publique depuis la dissolution de l'Assemblée nationale dimanche, le chef de l’État a également invoqué un besoin de "clarification" pour tenter de justifier cette décision qui a plongé le pays dans l'incertitude et fait imploser la droite républicaine autour d'une possible alliance avec le Rassemblement national (RN, extrême droite).

"J'assume totalement d'avoir déclenché un mouvement de clarification. D'abord parce que les Français nous l'ont demandé dimanche. Quand 50% des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l'Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire : +On continue comme si de rien n'était+", a-t-il déclaré.

Malgré sa popularité en berne et les sondages qui font du RN le favori des deux tours des élections du 30 juin et du 7 juillet, Emmanuel Macron a appelé les partis de sa majorité à entamer des discussions avec d'autres formations politiques qui auront "su dire non aux extrêmes" afin de "bâtir un projet en commun sincère et utile au pays" pour "gouverner".

Ensemble ! Emmanuel Macron espère rassembler autour de lui

Egrenant quelques mesures programmatiques (grand débat sur la laïcité, interdiction du téléphone aux moins de 11 ans...), le président a surtout renvoyé dos-à-dos l'extrême droite, qui prônerait "l'exclusion", et l'extrême gauche incarnée par le parti La France insoumise (LFI), qu'il accuse "d'antisémitisme et d'antiparlementarisme".

"Je dis bien l'extrême droite en parlant du Rassemblement national, car ses dirigeants continuent de dire qu'il y a des vrais et des faux Français, continuent d'envisager de réduire la liberté de la presse ou de rejeter l'Etat de droit", a-t-il lancé, fustigeant par ailleurs les "alliances contre-nature" qui se nouent à droite comme à gauche.

La faute aux extrêmes selon Emmanuel Macron

Emmanuel Macron se sent-il responsable de la montée du RN ? "Regardez l'extrême droite monter dans d'autres pays d'Europe. C'est un fait européen", répond le chef de l'État. "Si je pensais que j'avais tout bien fait, je ne serais pas là. Oui, j'ai une responsabilité. Je n'ai pas apporté de réponse assez rapide et radicale aux difficultés de nos compatriotes."

Sur le plan diplomatique, le chef de l'Etat a également accusé mercredi le RN d'entretenir une "ambiguïté à l'égard de la Russie" et de vouloir "la sortie de l'Otan", reprochant par ailleurs à l'extrême gauche de nourrir une "vision balkanisée (...) de notre diplomatie"".

Emmanuel Macron a également annoncé sa décision de "suspendre" la réforme constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie votée à l'Assemblée nationale et indiqué que la réforme de l’audiovisuel public “attendra la fin des élections”

Exclusion

Chez les adversaires du camp macroniste, les tractations se poursuivent dans un climat de tension.

Annoncé mardi, le ralliement du chef des Républicains (LR, droite) Eric Ciotti au Rassemblement national a créé un psychodrame et un bureau exceptionnel du parti héritier du Général de Gaulle doit se réunir dans l'après-midi pour décider d'une éventuelle exclusion du dirigeant.

Eric Ciotti "ne sera plus président des Républicains à 15H00 (...) il va être destitué", a asséné mercredi matin sur BFMTV la sénatrice LR de Paris Agnès Evren.

Ravie de sa prise de guerre, la figure de proue du RN Marine Le Pen a salué "le choix courageux" et "le sens des responsabilités" d'Eric Ciotti.

A gauche, les quatre principaux partis (LFI, PS, Ecologistes, Parti communiste) tentent de s'unir pour présenter "des candidatures uniques dès le premier tour" des législatives. Les contours d'un programme commun sont en cours d'élaboration et le choix d'un chef de file reste en suspens.

Un accord a été trouvé sur la répartition des circonscriptions au sein de ce nouveau "Front populaire", a déclaré mercredi à l'AFP le député LFI Paul Vannier, chargé des négociations avec les autres partis de gauche.

En attendant, le RN, poursuivant sur sa dynamique, engrange 35% d'intentions de vote au premier tour des législatives, selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio présenté mardi.

Dans la majorité comme dans l'opposition monte également le débat sur la place qu'Emmanuel Macron doit jouer dans la campagne.

Son ancien Premier ministre Édouard Philippe a ainsi jugé "pas complètement sain" que le président s'implique trop, pointant au passage une "colère" suscitée, selon lui dans l'opinion, par la dissolution.

"Le Président de la République doit donner un cap, une vision, mais il n'est pas là pour faire campagne aux législatives. Donc je ne ferai pas campagne aux législatives", a assuré M. Macron lors de sa conférence de presse.

"Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027", a-t-il également déclaré, en référence à la date prévue de la prochaine élection présidentielle.

Agences