Loi immigration en France: le gouvernement défend son projet, l'extrême droite veut une dissolution / Photo: Reuters (Reuters)

"Je regrette que nous perdions du temps pour protéger les Français", qui "plébiscitent" ce projet, a déclaré Gérald Darmanin lors d'un déplacement dans un commissariat de la région parisienne.

Le texte sur lequel le gouvernement cherche depuis un an un compromis a été torpillé conjointement par les oppositions de droite et de gauche, dans une Assemblée où le gouvernement ne dispose depuis les législatives de l'an dernier que d'une majorité relative. Darmanin a ensuite présenté sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, qui l'a immédiatement refusée.

Le projet de loi peut désormais être abandonné, repartir au Sénat - où il avait été largement durci par la majorité de droite - ou être discuté en urgence au sein d'une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs.

"Quel que soit le chemin que nous emprunterons, je veux très rapidement pour les policiers, pour les magistrats, pour les préfets, des mesures de fermeté", a ajouté M. Darmanin.

Le président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella a appelé de son côté mardi à "la dissolution de l'Assemblée nationale", estimant que le gouvernement faisait face à une "une crise politique majeure".

L'échec de mardi est "le signe d'un pouvoir qui perd pied, d'un pouvoir qui a perdu toute son autorité et qui ne contrôle plus rien dans notre société", a-t-il estimé sur BFMTV-RMC.

Sujet inflammable

Le sujet enflamme régulièrement la classe politique française, marquée par une montée en puissance de l'extrême droite avec le RN, à l'instar de ce qui se passe ailleurs en Europe, où les partis populistes gagnent du terrain.

La France compte 5,1 millions d'étrangers en situation régulière, soit 7,6% de la population. Elle accueille plus d'un demi-million de réfugiés. Les autorités estiment qu'il y aurait de 600.000 à 700.000 clandestins.

Après maints remaniements et allers-retours entre les deux chambres du Parlement, le volet répressif du projet de loi a largement pris le dessus, de l'avis de nombreux observateurs, en facilitant notamment l'expulsion d'étrangers jugés dangereux, une demande forte à droite mais aussi dans l'opinion.

Selon un récent sondage, deux tiers des Français pensent que l'immigration extra-européenne peut être un danger pour la France.

Pour tempérer ce tour de vis sécuritaire, l'exécutif avait dans le même temps promis de faciliter la régularisation des clandestins employés dans des métiers "en tension", où la main d'oeuvre est difficile à trouver, un thème cher à la gauche et à une large partie du camp présidentiel.

L'aide médicale d'Etat (AME) - qui couvre à 100% les frais de santé des sans-papiers présents sur le sol français depuis au moins trois mois -, que le Sénat avait remplacée par une aide médicale d'urgence, devait aussi être rétablie.

Une réunion de crise du camp présidentiel a été convoquée dans la foulée à l'Assemblée selon une source ministérielle, pour décider de la marche à suivre.

Agences