La liberté fondamentale de manifester, qui découle de la liberté d’expression, ne concerne manifestement pas les causes qui déplaisent à certains gouvernements occidentaux. La France et l’Allemagne ont interdit les rassemblements en soutien aux Palestiniens après le conflit qui a débuté le 7 octobre entre le Hamas et Israël. Mais les interdictions n’ont pas empêché des milliers de personnes de se réunir au nom d’une seule et même cause : soutenir les civils palestiniens et dénoncer le colonialisme israélien.
"L'expression palestinienne n'a pas le droit de cité" en France
Dans un télégramme envoyé aux préfets, le ministre de l’Intérieur avait réclamé l’interdiction de toutes les manifestations « susceptibles de générer des troubles à l’ordre public” en réclamant également que les organisateurs de tels rassemblements soient interpellés.
Ces mesures prohibitives ont valu des critiques à la France. La décision de Darmanin a suscité des préoccupations non seulement parmi les organisations défendant les libertés publiques, mais également chez le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, qui est généralement connu pour ses positions pro-israéliennes. "La France prend ses propres décisions, mais il ne semble pas juste d'interdire des manifestations dans un pays démocratique lorsque celles-ci ne sont pas violentes, à moins qu'il y ait des indications qu'elles pourraient dégénérer", a-t-il déclaré à la radio RTL.
Fanny Gallois, d’Amnesty International France, a dénoncé une "entrave à la liberté d'expression" de ceux qui "souhaitent actuellement exprimer pacifiquement leur soutien au peuple palestinien".
Une association pro palestinienne a saisi le Conseil d'État à propos de la directive du ministre qu'elle juge contraire au droit français, comme l'affirme Vincent Brengarth, l'un de ses avocats. "Cela donne l'impression que l'expression palestinienne n'a pas le droit de cité" en France, "c'est démocratiquement problématique", explique-t-il.
“L’Allemagne néglige la situation inhumaine des Palestiniens"
En Allemagne, les manifestations pro-palestiniennes ont été interdites à Berlin et Francfort, mais autorisées à Cologne et Düsseldorf, où des tribunaux régionaux ont cassé l'interdiction.
A la suite de l’annonce de l’interdiction, les organisateurs des marches de solidarité avec les Palestiniens (Initiative Palestine), ont accusé la police berlinoise de "racisme". "Les rassemblements ont été interdits pour des raisons racistes, mais nous ne garderons pas le silence. Nous annoncerons les prochaines étapes pour amener la question palestinienne dans les rues de Berlin", a affirmé Initiative Palestine.
"La position allemande est compréhensible d'un point de vue historique, mais elle devient problématique, car elle a tendance à négliger la situation inhumaine dans laquelle sont plongés deux millions de Palestiniens" à Gaza, a critiqué l'universitaire Katharina Galor, membre de la communauté juive berlinoise.
Malgré l’interdiction, un millier d'activistes pro-palestiniens ont manifesté le week-end à Berlin et dans les quatres coins du pays.
Au moins un million d'habitants de Gaza ont été contraints de fuir leurs maisons en une semaine, a fait savoir dimanche l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins 2 750 Palestiniens ont été tués et près de 10 000 autres blessés dans les bombardements israéliens contre l'enclave depuis le 7 octobre.
La Bande de Gaza, qui compte 2,2 millions d'habitants, est soumise à un blocus depuis 2006.