Lavrilleux a été mainte fois la cible d’une surveillance intense par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). / Photo: AFP (AFP)

La convocation d’Ariane Lavrilleux, en vue d’une possible mise en examen pour “appropriation et divulgation d’un secret de la défense nationale”, marque une escalade inquiétante dans les pressions exercées contre le journalisme d'investigation en France.

Surveillée par la DGSI

En novembre 2021, Disclose dévoilait, grâce au travail de Lavrilleux et de trois autres journalistes, les dessous de l'opération Sirli, une mission de renseignement française en Égypte.

Ce programme, initialement destiné à lutter contre le terrorisme, a été détourné par les autorités égyptiennes pour commettre des exécutions arbitraires de civils.

Ces révélations, appuyées par des documents confidentiels, mettaient également en lumière le rôle de la France dans la vente d'armes à des régimes autoritaires.

Pour ce travail journalistique d'intérêt public, Ariane Lavrilleux encourt cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, une peine lourde qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur la liberté de la presse.

Depuis l’ouverture de l’enquête, Lavrilleux a été la cible d’une surveillance intense par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Ses déplacements, ses communications privées, ses comptes bancaires et même ses achats de billets SNCF ont été passés au crible.

La DGSI a également surveillé les locaux de Disclose, à Paris. Ces pratiques, normalement réservées à la lutte antiterroriste, sont dénoncées comme un détournement grave des moyens de l’État.

Selon Disclose, cette surveillance constitue une atteinte flagrante au secret des sources, un principe fondamental garanti par la Cour européenne des droits de l’Homme, ainsi qu’à la vie privée de la journaliste.

Une rédaction sous pression

Depuis sa création en 2018, Disclose est devenu un symbole du journalisme indépendant, mettant en lumière des affaires sensibles, notamment les ventes d’armes françaises utilisées au Yémen, en Égypte et en Libye.

Ces révélations ont valu à l’organisation plusieurs tentatives d’intimidation : quatre journalistes ont déjà été visés par des enquêtes ou des pressions.

“Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces tentatives de museler la presse. Ce procès est un test pour la démocratie française”, déclare la rédaction dans un communiqué.

Disclose rappelle que son travail vise à informer le public sur des questions d’intérêt général, loin de tout agenda politique ou idéologique.

TRT Français et agences