Elections législatives en France après la dissolution de l'Assemblée décidée par le président Macron / Photo: AFP (AFP)

Entre 300.000 à 350.000 personnes sont attendues dans la rue samedi, dont 50.000 à 100.000 dans la capitale, selon une source policière, et environ 200 manifestations sont prévues au total dans le pays pendant le week-end, à l'approche des législatives des 30 juin et 7 juillet.

"La République en flammes", "L'extrême droite est un danger mortel", proclamaient des banderoles de manifestants à Nancy (est), où plus d'un millier de personnes ont commencé à défiler samedi.

"Le RN me fait vraiment peur", témoigne à Clermont-Ferrand (centre) Ariane Guinamand, une étudiante de 22 ans. A Reims (est), Mélodie, 20 ans, se sent "menacée" en tant que "femme et lesbienne".

"On est à un moment historique", a déclaré à la radio France Inter Marylise Léon, la cheffe de la CFDT, l'un des cinq syndicats qui ont appelé à la mobilisation.

La dissolution de l'Assemblée nationale, décidée dimanche par le président Emmanuel Macron après la débâcle de son camp aux européennes, continue elle de provoquer des secousses politiques.

Pour barrer l'extrême droite, les principaux partis de gauche, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale) aux socialistes en passant par les Ecologistes, ont réussi à s'allier à la hâte.

Mais leur coalition baptisée Nouveau Front populaire a connu ses premières tensions samedi après la décision de LFI de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées au chef de file du parti, Jean-Luc Mélenchon.

Les élus mis à l'écart ont dénoncé "une purge" et accusé M. Mélenchon de "régler ses comptes".

D'autres ont déploré qu'Adrien Quatennens, proche de ce leader de la gauche radicale, ait lui été réinvesti alors qu'il avait été condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales.

"Purge"

"Extrêmement choquée" par cette "purge", la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a convoqué les instances de son parti. Le patron des socialistes Olivier Faure a de son côté jugé sur X "scandaleuse" l'"éviction" des députés LFI.

Favorable à l'union de la gauche malgré son opposition à LFI, l'ancien président socialiste de la République François Hollande a parallèlement annoncé sa candidature aux législatives en Corrèze (centre).

Le président Macron, qui participe ce week-end à un G7 en Italie et à un sommet sur l'Ukraine en Suisse, a qualifié les divergences à gauche de "spectacle de grande incohérence": "On est chez les fous, ce n'est pas sérieux".

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui vise le poste de Premier ministre à 28 ans, a estimé que seules "deux formations politiques" pourront "composer un gouvernement": la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche.

La droite républicaine, elle, se déchire depuis l'appel du président des Républicains Eric Ciotti à s'allier avec le RN. Vendredi, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant son exclusion.

Le 1er mai 2002 près d'un million de personnes avaient manifesté en France après la qualification du dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle.

Aujourd'hui, c'est le "choc des européennes", avec un score cumulé de l'extrême droite de 37,8% et la perspective d'un "RN au portes du pouvoir", qui poussent les opposants dans la rue.

Jordan Bardella a dénoncé vendredi des appels "extrêmement dangereux" à "l'insurrection", tout en se disant "très attaché à la liberté d'expression".

Agences