Ousmane Sonko s'exprime après avoir été nommé premier ministre par le président sénégalais nouvellement élu, Bassirou Diomaye Faye, à Dakar, au Sénégal, le 2 avril 2024. Photo : Reuters/image d'illustration (Others)

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé que le livre écrit par une historienne française sur la Casamance, région du sud en proie à une rébellion indépendantiste, "ne sera pas commercialisé au Sénégal".

L'annonce de la publication de "L'idée de la Casamance autonome - Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" de Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse française au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a provoqué de vives protestations dans le pays qui rejette l’autonomie de ce territoire méridional.

Lors d'un meeting de campagne pour les législatives dans la nuit de vendredi à samedi à Ziguinchor, capitale de la Casamance, Ousmane Sonko, tête de liste de son parti Pastef aux élections du 17 novembre, a fustigé le livre, son autrice et la France.

"Si cette Française veut écrire, elle n'a qu'à aller écrire sur la Corse qui demande son indépendance à la France. Elle n'a qu'à écrire sur la Nouvelle-Calédonie qui réclame son indépendance, mais elle n'a pas à écrire sur le Sénégal", s'est-il insurgé.

"Ce livre-là ne sera pas autorisé au Sénégal, ne sera pas commercialisé au Sénégal" a déclaré M. Sonko, mettant en garde contre "un projet de déstabilisation" sur un sujet "qui concerne les Sénégalais".

"Si la France veut nous donner des archives, elle n'a qu'à nous donner les archives de ses exécutions sommaires au Sénégal pendant la colonisation, des guerres qu'elle a menées ici, des tortures qu'elle a menées, des travaux forcés, c'est ça qu'on attend de la France, qu'elle nous donne les archives de Thiaroye 44, mais pas des archives sur une prétendue autonomie de la Casamance", a-t-il poursuivi.

L'Alliance pour la République, parti au pouvoir jusqu'à la présidentielle de mars, avait aussi protesté dans un communiqué contre la publication d'un ouvrage qui "remet en question les acquis" sur la paix en Casamance et est "dangereux" pour l'unité nationale.

Les éditions Karthala ont regretté "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". L'autrice a affirmé que son travail était "strictement historique" et "ne vise aucunement à rouvrir les fractures comme certains pourraient le craindre".

AFP