Des promesses qui sont revenues très souvent dans les discours du Rassemblement national. Lundi à Paris, le président du Rassemblement national a affirmé qu’il empêcherait les binationaux d’exercer des “emplois extrêmement sensibles”. La promesse est floue, c’est quoi un emploi sensible qui doit être réservé aux Français ?
Le président du Rassemblement national cite les secteurs de la Défense ou de la sécurité. Face à la polémique, Marine le Pen s’est expliquée dans la soirée de lundi sur le réseau X que "les double-nationaux" pourraient "occuper TOUS les emplois dans la fonction publique, bien sûr". "La restriction ne concernerait que quelques dizaines d'emplois très sensibles dans des postes stratégiques en matière de défense, de nucléaire ou de renseignements par exemple”.
Aujourd’hui, la binationalité n’entre pas en ligne de compte lorsqu’on postule dans la fonction publique. “Tous les Français sont français exclusivement. Vous pouvez avoir une, deux ou trois autres nationalités, ça ne regarde pas le droit français”, souligne auprès de l’AFP Gwénaële Calvès, professeure de droit public à CY Cergy Paris Université (Val-d’Oise).
Et le Conseil constitutionnel a, plusieurs fois, souligné qu’il n’y a pas de différence entre un Français naturalisé, un Français né de parents français ou un Français avec plusieurs autres nationalités. Il y a un principe d’égalité dans la constitution. Dès lors que l’on est Français, quel que soit le mode d’acquisition de la nationalité française, tout le monde jouit des mêmes droits et des mêmes obligations. En d’autres termes, si le RN s’engage dans cette voie, ce projet de loi sera retoqué par le Conseil constitutionnel.
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Le RN obsédé par la binationalité
Le parti a toujours eu un problème avec la binationalité. Lors d'élections précédentes, il était question d’interdire la binationalité, le RN voulait obliger les ressortissants à choisir entre leurs différentes appartenances. Marine le Pen a longtemps porté cette idée lors des élections de 2012, 2017. En 2022, on assiste à une variante avec l’interdiction de la double nationalité extra-européenne.
L’idée est tellement ancrée dans l’ADN du Rassemblement national que durant la campagne des européennes, son porte-parole Sébastien Chenu avait déclaré être pour l’interdiction de la double nationalité avant d’être contredit par sa cheffe une heure après. En effet, le parti a abandonné l’idée depuis deux ans.
On a donc ici une sorte de recyclage d’une vieille antienne du Front National, avec une constante, le parti ne considère pas tous les Français comme étant égaux.