Une famille palestinienne rompt le jeûne lundi à Gaza / Photo: AA (AA)

Jour ordinaire à Gaza, à l’entame, lundi, du jeûne du mois sacré du ramadan musulman. Comme depuis 157 jours, la population de Gaza a encore subi les bombardements de l’armée israélienne, alors que la famine et les risques d’épidémies menacent, sans qu’un espoir de trêve ne se profile à l’horizon.

Alors qu'une grande partie du monde musulman entre dans ce mois sacré du jeûne, de nombreux habitants du territoire palestinien ont été réveillés par des frappes israéliennes sur Gaza-Ville dans le nord et Khan Yunis et Rafah dans le sud, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant lundi 67 morts en 24 heures. Ce qui porte à 31.112 morts, en majorité des civils le nombre de victimes palestiniennes, depuis le 7 octobre dernier, date du début de la campagne militaire israélienne à Gaza.

"Je préfère que les avions me bombardent et me tuent plutôt que de continuer à vivre comme ça. Ce n'est pas une vie !" lance, désespéré, Zaki Hussein Abou Mansour. Ce déplacé qui vit sous une tente de fortune à Rafah, raconte à l'AFP n'avoir que quelques légumes pour nourrir sa famille.

"Le temps presse. La population affamée de Gaza ne peut plus attendre", a alerté Cindy McCain, la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM).

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 25 personnes dont 21 enfants sont morts de malnutrition et de déshydratation dans les hôpitaux de Gaza depuis le début de la guerre.

- Le bateau est parti -

"Ce n'est pas la vie que nous étions censés vivre", s'écrie Zaki Hussein Abou Mansour, un sexagénaire déplacé plusieurs fois par les combats avant d'arriver à Rafah. "On n'en peut plus de chercher de la nourriture et de vivre cette vie, c'est insupportable."

Le patron de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "atterré que le conflit se poursuive à Gaza pendant le mois sacré" du ramadan, en appelant à la libération des otages.

Un navire de l'ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres a quitté Chypre ce mardi, dans le cadre d'un couloir maritime que l'Union européenne et des pays comme les États-Unis et les Émirats arabes unis veulent mettre en place.

"Le programme se déroule comme prévu, le bateau va bientôt partir" du port de Larnaca, à environ 370 kilomètres des côtes de Gaza, a indiqué, lundi, le gouvernement chypriote.

L’ONG World Central Kitchen, co-organise de ravitaillement de Gaza en vivres.

Un navire militaire américain a, parallèlement, quitté samedi les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d'une jetée pour débarquer les cargaisons d'aide, qui pourrait prendre jusqu'à 60 jours.

Mais l'ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël depuis le 9 octobre 2023, affirme que l'envoi d'aide par mer et les parachutages par plusieurs pays, devenus quotidiens ces derniers jours, ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

- "Nous les aurons tous" -

L'aide internationale, contrôlée par Israël, n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza dévastée, où les besoins sont immenses.

Elle arrive principalement depuis l'Égypte par Rafah, une ville collée contre la frontière égyptienne fermée, où sont massés, selon l'ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé, lundi, son intention de vaincre le Hamas, malgré les mises en gardes internationales contre une offensive terrestre annoncée sur Rafah.

"Nous sommes sur la voie d'une victoire totale", a-t-il assuré dans un message vidéo, affirmant que l'armée avait "déjà éliminé le N.4 du Hamas", sans préciser son identité.

"Nous les aurons tous", a-t-il lancé en parlant des autres chefs du mouvement palestinien considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l'UE.

Lundi, l'armée a annoncé une frappe aérienne dans la nuit de samedi à dimanche contre le N.2 de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, dans le centre de la bande de Gaza sans pouvoir dire s'il avait été tué.

Malgré des nouvelles discussions engagées début mars au Caire, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve accompagnée d'une libération d'otages.

Le Hamas réclame un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord.

Ce qu'Israël refuse. Selon les médias, Israël veut une liste précise des otages encore vivants, mais le Hamas a dit ignorer qui était "vivant ou mort" parmi eux.

Le climat extrêmement tendu généré par la guerre à Gaza fait redouter des violences à Jérusalem-Est, secteur occupé par Israël où se trouve l'esplanade des Mosquées. Des dizaines de milliers de fidèles se rendent chaque année pendant le ramadan dans ce troisième lieu saint de l'islam.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a assuré qu'Israël respecterait la liberté de culte à la mosquée al-Aqsa mais a averti que son pays était "prêt" à répondre à tout débordement.


TRT Français et agences