Les militaires au pouvoir au Niger ont mis fin à un accord militaire autorisant la présence des membres du personnel militaire et civil du département américain de la Défense sur son territoire, a déclaré samedi le porte-parole de la junte, le colonel Amadou Abdramane. Cette décision intervient après une visite effectuée cette semaine par des responsables américains.
Après les Français, les militaires américains pourraient à leur tour être chassés du Niger. Rapidement après son arrivée au pouvoir lors d'un coup d'Etat le 26 juillet 2023, le régime de Niamey avait dénoncé des accords de coopération militaire avec la France et les derniers soldats français ont quitté le Niger fin décembre.
Washington avait suspendu sa coopération avec le Niger, après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum.
Mais les Etats-Unis comptent quelque 1.100 soldats engagés dans la lutte antiterroriste dans le pays et disposent d'une importante base de drones à Agadez (nord).
En décembre, ils s'étaient dit prêts à reprendre cette coopération, sous conditions.
Samedi soir, le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du régime a indiqué que le gouvernement nigérien "prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple" avait décidé "en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l'accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger".
Dans un communiqué, lu à la télévision nationale, M. Abdramane précise que la présence militaire américaine est "illégale" et "viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques".
Selon Niamey, cet accord "injuste" a été "imposé unilatéralement" par les Etats-Unis, via une "simple note verbale", le 6 juillet 2012.
Cette décision survient après une visite de trois jours d'une délégation américaine menée par la secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee.
Au cours de cette visite de trois jours, Mme Phee n'a pas pu rencontrer le chef du régime militaire Abdourahamane Tiani, selon une source gouvernementale nigérienne citée par l’AFP.
"L'arrivée de la délégation américaine n'a pas respecté les usages diplomatiques", a expliqué samedi M. Abdramane, assurant que le gouvernement américain avait informé Niamey de "façon unilatérale" de sa date d'arrivée et de la composition de sa délégation.
"Attitude condescendante"
Il a également dénoncé "l'attitude condescendante" de Mme Phee, "une attitude de nature à saper la nature" des relations entre les deux pays, selon lui.
Arrivée mardi à Niamey, cette délégation conduite par Molly Phee, secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines, devait initialement y passer deux jours, mais avait décidé de prolonger son séjour, selon la source gouvernementale nigérienne.
Elle a cependant pu rencontrer deux fois, le Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, a fait savoir sur X que Washington avait pris connaissance du communiqué du régime de Niamey et qu'il faisait suite à des "discussions franches (...) sur nos préoccupations" concernant la "trajectoire" de la junte.
Les Etats-Unis sont toujours en contact avec la junte et fourniront de nouvelles informations "si nécessaire", a ajouté M. Miller sur le même réseau social.
Samedi soir, le colonel Abdramane a également évoqué le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays qui s'est rapproché de ses voisins le Burkina et le Mali - eux aussi gouvernés par des militaires - mais aussi de pays comme l'Iran ou la Russie.
"Le gouvernement du Niger a réaffirmé sa ferme volonté d'organiser dans les meilleurs délais le retour à une vie constitutionnelle normale", a-t-il déclaré, assurant qu'il s'agissait d'un "engagement solennel" du président de la transition, "tel qu’exprimé dans son adresse à la Nation du 19 août".
Lors de ce message, le général Tiani avait alors évoqué une transition de trois ans maximum et que sa durée serait fixée par un "dialogue national".
Depuis le coup d'Etat, le Niger a notamment - comme le Burkina et le Mali - quitté la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao) qui l'avait lourdement sanctionné.
Fin février, la Cedeao avait décidé de lever une grande partie de ces sanctions.
Le Niger, le Burkina et le Mali ont annoncé la création d'une force conjointe pour lutter contre les jihadistes qui frappent régulièrement leurs trois pays.