Le Mexique accueille Biden et Trudeau pour un "sommet des leaders d'Amérique du Nord" / Photo: Reuters (Reuters)

Ce "sommet des trois amis", aussi connu comme "sommet des leaders d'Amérique du Nord" réunira les présidents mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et américain Joe Biden ainsi que le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Il a été relancé à la Maison Blanche par M. Biden en 2021 après cinq années de hiatus.

Avant le sommet qui sera dominé par l'économie, la lutte antidrogue et la question migratoire ont prévalu lundi lors d'une rencontre bilatérale de MM. Lopez Obrador et Biden. MM. Biden et Trudeau se retrouveront en bilatéral mardi pour évoquer notamment le possible envoi en Haïti d'une force internationale.

Le renforcement des liens économiques régionaux "permet aux Etats-Unis d'être la puissance industrielle dont le président Biden a parlé mais est également gagnant-gagnant pour le Mexique et le Canada", a assuré à la presse le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

De plus, il "réduit notre dépendance envers d'autres pays et d'autres parties du monde dont nous ne partageons pas nécessairement les valeurs avec nos partenaires ici en Amérique du Nord."

Le Mexique compte bénéficier des efforts de Washington pour réduire la dépendance envers l'industrie asiatique. En septembre, Washington l'a invité à rejoindre son grand projet à 50 milliards de dollars pour soutenir la production de micro-processeurs en Amérique du Nord face à l'Asie.

Mais les relations ne sont pas sans nuages. En juin, le président mexicain a boudé un sommet organisé à Los Angeles.

Lundi, dès le début de sa rencontre avec M. Biden, AMLO lui a demandé d'en finir avec le "dédain envers l'Amérique latine et les Caraïbes".

"Vous avez la clé"

"Président Biden, vous avez la clé pour ouvrir et améliorer substantiellement les relations entre tous les pays du continent américain", a-t-il dit dans ses remarques préliminaires, en présence de la presse.

Comme piqué au vif, Joe Biden a tenu à souligner que les Etats-Unis avaient dépensé en 15 ans des "dizaines de milliards de dollars" pour le continent.

"Malheureusement notre responsabilité ne s'arrête pas au continent américain. Elle existe aussi en Europe centrale, en Asie, en Afrique (...) J'aimerais que nous n'ayons qu'une priorité. Mais nous en avons plusieurs", a-t-il lancé.

Amnesty International a demandé aux "trois amis" de faire "une priorité essentielle" des droits des réfugiés et migrants durant leurs pourparlers et de "cesser de mettre en oeuvre des politiques communes inhumaines sur la migration".

"Alors que le nombre de personnes qui fuient les violences et les persécutions continue de croître, la protection des droits humains des migrants et réfugiés est d'une importance cruciale", selon Erika Guevara-Rosas, directrice d'Amnesty International pour les Amériques.

Le Mexique a applaudi les nouvelles mesures migratoires annoncées le 5 janvier par M. Biden qui permettront à un maximum de 30.000 personnes originaires de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela de migrer aux Etats-Unis chaque mois.

M. Biden, qui s'est rendu dimanche à la frontière avec le Mexique où les migrants arrivent depuis plusieurs mois en nombre record, s'est entretenu avec son homologue mexicain selon la Maison Blanche de la manière d'avoir une approche "innovante" face à l'immigration clandestine. Ils ont promis de s'attaquer aux "racines" du phénomène dans les pays d'origine.

Fentanyl

Les deux chefs d'Etat ont par ailleurs exprimé pendant leur entretien la volonté "d'accroître leur coopération", en matière de lutte contre le trafic de drogue et en particulier de fentanyl, puissant opiacé qui fait des ravages aux Etats-Unis.

Etats-Unis et Mexique veulent travailler ensemble pour "poursuivre les trafiquants", "perturber" l'approvisionnement en produits chimiques nécessaires à la production de fentanyl et "fermer les laboratoires", selon un communiqué de la Maison Blanche publié à l'issue de la réunion bilatérale.

Joe Biden et AMLO ont, selon la même source, "réaffirmé leur engagement" dans le cadre de l'accord de libre-échange liant leurs pays et le Canada.

Lundi soir, un dîner les a réunis avec Justin Trudeau et les épouses des trois dirigeants.

Les "trois amis" n'ont pas oublié le Brésil et publié lundi un communiqué commun condamnant les "attaques" de partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro contre des lieux de pouvoir à Brasilia.

Joe Biden a annoncé en marge de ses réunions à Mexico qu'il recevrait le président brésilien Lula à Washington début février.

AFP