Le Liban a ordonné jeudi la démolition des silos à grains du port de Beyrouth, qui risquent de s'effondrer plus d'un an et demi après l'énorme explosion ayant ravagé ce site, malgré l'opposition des proches des victimes du drame qui veulent en faire un lieu de mémoire.
Le gouvernement "a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction de superviser la destruction des silos" à grains, a déclaré le ministre de l'Information Ziad Makary à l'issue d'un conseil des ministres, sans préciser la date de la démolition.
La décision de détruire les silos, prise en mars, s'est appuyée sur un rapport technique soumis par une entreprise locale de conseil en ingénierie.
D'après M. Makary, ce rapport indique que les silos risquent "de s'effondrer dans quelques mois" et pourraient de ce fait constituer "un danger".
En avril 2021, la firme suisse Amann Engineering, qui a scanné au laser les silos après l'explosion, avait déjà recommandé leur destruction arguant qu'ils risquaient de s'effondrer.
"L'inclinaison se produit au rythme de 2 millimètres par jour, ce qui est beaucoup structurellement parlant", avait-elle indiqué dans un rapport.
L'explosion le 4 août 2020 de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années au port "sans mesure de précaution" de l'aveu même des autorités, avait fait plus de 200 morts, dévastant des quartiers entiers de la capitale.
Les silos à grains, d'une hauteur de 48 mètres et d'une capacité de stockage de plus de 100.000 tonnes, avaient été touchés de plein fouet par le souffle de la déflagration et se sont partiellement écroulés.
Qualifiant la décision du gouvernement d'"injuste", un collectif des proches des victimes a appelé à une manifestation jeudi après-midi près du port.
En mars, ce collectif avait réclamé la préservation des silos qui selon lui témoigne du "massacre".
Selon M. Makary, le gouvernement a demandé aux ministères de la Culture et de l'Intérieur "d'ériger (au port) un monument à la mémoire des martyrs" de l'explosion.
L'enquête sur l'explosion est suspendue depuis des mois. Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG de la torpiller pour éviter des inculpations.