Mercredi, le président américain fraîchement élu, Donald Trump, a dévoilé son nouveau cabinet.
Hormis la nomination cocasse de son poulain, Elon Musk, au “ministère de l’efficacité gouvernementale” créé sur mesure, d’autres nominations comme celle de Marco Rubio, Mike Waltz, Elise Stefanik, Lee Zeldin, Mike Huckabee ou encore Steve Witkoff, révèlent non seulement la puissance du lobby sioniste aux États-Unis, mais inquiétent particulièrement les milieux propalestiniens sur la tournure que pourrait prendre la politique de Trump sur la question palestinienne.
Marco Rubio, secrétaire d'État
Trump a annoncé la nomination du sénateur de Floride, Marco Rubio, au poste de secrétaire d'État.
Le secrétaire d'État est le principal conseiller du président en politique étrangère et représente les États-Unis à l'échelle internationale.
Bien qu'il se soit opposé à Trump lors de la primaire républicaine de 2016, Rubio a depuis rétabli des relations cordiales avec le président américain. Membre influent du comité des relations étrangères du Sénat et vice-président de la commission du renseignement, Rubio aspirait depuis longtemps au poste de chef de la diplomatie américaine.
Rubio s’était plusieurs fois démarqué par ses déclarations en faveur d’Israël.
Il défend la doctrine de Trump “paix par la force”, appelant à permettre à Israël d’agir sans restriction pour vaincre le Hamas. Dans une vidéo devenue virale cette année, Rubio déclarait s’attendre à ce qu’Israël “détruise tous les éléments du Hamas”.
Il n’a pas non plus hésité à comparer l’offensive terrestre israélienne à Rafah à la traque d’Hitler par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pete Hegseth, secrétaire à la Défense
Le secrétaire à la Défense sera Pete Hegseth, un chrétien sioniste qui avait affirmé que la Bible donne à Israël le droit de régner sur la terre de la Palestine.
Âgé de 44 ans, Pete Hegseth, ancien soldat et animateur de Fox News, a souvent couvert Israël de manière favorable et affirmé plusieurs fois son soutien à Israël.
En mars dernier, il avait accordé une interview complaisante au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, remplie de questions faciles et de remarques condamnant l’idée d’un cessez-le-feu à Gaza.
Il a aussi affirmé n’hésitait pas non plus à affirmer qu’”Israël avait besoin du soutien des Etats-Unis”.
Il a également produit une série en trois volets, Battle in the Holy Land: Israel at War, portant sur le conflit israélo-palestinien, affirmant qu'Israël doit coûte que coûte “achever ce combat”.
Il a également appelé en 2020 à une action militaire contre l’Iran. Il considère que l'Iran est engagé dans un conflit continu contre les États-Unis et Israël depuis des décennies.
Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale
Mike Waltz sera le nouveau conseiller à la sécurité nationale, un homme qui a reçu des centaines de milliers de dollars de groupes de lobbying pro-israélien et qui est un fervent défenseur d’Israël.
Cet ancien soldat et représentant de la Floride, connu pour son soutien ferme à Israël, reflète la volonté de Trump d’intensifier les relations israélo-américaines.
Waltz, 53 ans, a plusieurs fois critiqué la politique étrangère de Biden, qu’il qualifie de “concessions et chaos”, notamment vis-à-vis du conflit israélo-palestinien.
Il soutient la guerre d'Israël contre Gaza et ne manque pas de faire l’éloge des bombardements israéliens contre le Liban. Il recommande même qu’Israël frappe les installations nucléaires iraniennes.
Elise Stefanik, ambassadrice des États-Unis à l'ONU
Elise Stefanik, qui a reçu environ 917821 dollars de groupes de lobbying pro-israélien, est une fervente sioniste.
Stefanik a gagné en visibilité en tant que politicienne plus tôt cette année, après la diffusion d’une vidéo où elle interrogeait Claudine Gay, l’ancienne présidente de l’université Harvard.
La future ambassadrice à l’ONU a qualifié sans ambage les slogans “de la rivière à la mer” et “Intifada” d’”appels au meurtre des Juifs”.
L’implication d’Elise Stefanik, aux côtés d’autres membres du cabinet Trump, dans des actions visant à restreindre la liberté d’expression sur les campus universitaires et à censurer des institutions académiques, montre que le président américain cherchera à limiter la liberté d’expression concernant Israël.
“Si vous me réélisez, nous allons faire reculer ce mouvement de 25 à 30 ans”, avait déclaré Donald Trump en mai dernier au sujet des manifestations étudiantes propalestiniennes, avant de proposer l’expulsion des étudiants.
En tant que députée, Stefanik a voté en faveur de dix projets de loi pro-Israël qui restreignent la liberté d’expression.
Mike Huckabee, ambassadeur des États-Unis en Israël
Le choix de Trump pour son ambassadeur en Israël est le fanatique chrétien sioniste, Mike Huckabee, qui a ouvertement déclaré qu’il refusait d’utiliser les termes "Cisjordanie" et qualifie ce territoire de "Judée et Samarie".
Dans une interview récente, il avait même indiqué qu'un second mandat de Trump pourrait permettre à Israël d’annexer la Cisjordanie.
Âgé de 69 ans, Huckabee a la confiance totale de Netanyahu. Ayant visité Israël plus de 100 fois depuis 1973, Huckabee est un défenseur de longue date des intérêts israéliens, dans la volonté de renforcer les liens entre Netanyahu et la communauté évangélique américaine.
L’année dernière, il a conduit une mission de dirigeants évangéliques en Israël pour exprimer leur soutien à la suite des attaques du 7 octobre.
Il défend aussi d’autres positions controversées, comme celle qui consiste à dire “qu’il n’existe vraiment pas de Palestinien”.
Steven Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient
Le choix de Trump pour l’envoyé spécial au Moyen-Orient est le magnat des affaires Steven Witkoff, un fervent sioniste d'origine juive.
Bien qu’il n’ait pas d’expérience diplomatique, Witkoff, 67 ans, est un proche de Trump et de son gendre Jared Kushner.
Ses liens avec la communauté d'affaires juive en font un intermédiaire apprécié par Trump.
En juillet, Witkoff avait assisté au discours de Netanyahu devant le Congrès, qu’il avait trouvé “spirituellement marquant”.
John Ratcliffe, directeur de la CIA
Le choix de Donald Trump pour diriger la CIA est John Ratcliffe, un homme qui a accusé Joe Biden de ne pas être assez pro-israélien et qu’il a appelé à faire preuve de plus de fermeté envers le Hamas.
Ratcliffe, 59 ans, ancien membre du Congrès du Texas et ex-directeur du renseignement national, a également critiqué l’administration Biden pour avoir réduit les ressources des renseignements américains pour la surveillance de groupes comme le Hamas.
Cette année, lors d’une interview, Ratcliffe avait salué les frappes israéliennes contre l’Iran, qu’il considère comme une illustration de la “doctrine Trump” de pression maximale.
Lee Zeldin, administrateur de l'Agence de protection de l'Environnement
Âgé de 44 ans, c’est Lee Zeldin qui dirigera l'Agence de protection de l'Environnement. Il a gagné la confiance de Trump après avoir voté, en tant que membre du Congrès, contre la certification des résultats de l’élection de 2020.
Pendant la campagne, Zeldin s’est montré un fervent porte-parole de Trump, critiquant vivement l’antisémitisme perçu dans le Parti démocrate.
Il a défendu les propos de Trump affirmant que les Juifs seraient à blâmer si l’ancien président perdait l’élection, et il a accusé le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, de “chercher à se dé-judaïser” pour devenir colistier de Kamala Harris.
Marié à une mormone, Zeldin a mis en avant ses racines juives pour rallier les électeurs orthodoxes lors de sa campagne pour le poste de gouverneur de New York en 2022.
Il porte le prénom de son arrière-grand-père, Moshe Efraim “Morris” Zeldin, un rabbin orthodoxe à Brooklyn et pionnier du mouvement sioniste.
Ayant grandi dans le comté de Suffolk à Long Island, Zeldin a passé beaucoup de temps avec son grand-père, Bernard Zeldin, fondateur du Farmingdale Jewish Center. Sa mère, Merrill Schwartz, était enseignante en classe de quatrième dans une école juive à Brooklyn.