Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à Paris, le 8 janvier 2025 / Photo: AFP (AFP)

L'Algérie a accusé, samedi, la France d'avoir lancé une campagne de désinformation et une escalade diplomatique contre l'Algérie par le biais de déclarations de responsables français.

Cela intervient après qu’Alger a rejeté l'expulsion d'un influenceur algérien des réseaux sociaux par Paris.

L'accusation du ministère algérien des Affaires étrangères faisait suite à une déclaration du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau, vendredi, contre l'Algérie alléguant qu'elle cherche à humilier la France pour son refus de recevoir l'influenceur.

Le ministère a accusé l'extrême droite en France de “mener une campagne de désinformation” contre l'Algérie par l'intermédiaire de membres connus du gouvernement français.

“L'Algérie n'est en aucun cas engagée dans une logique d'escalade... ou d'humiliation” contre la France, a-t-il indiqué.

Alger dit n’avoir été informé

Le ministère des Affaires étrangères algérien a ajouté que Paris n'avait pas informé les autorités algériennes compétentes de l'arrestation de l'influenceur -connu sur les réseaux sociaux sous le nom de "Doualemn"- ni même d'une décision de l'expulser, en violation d'un accord consulaire entre les deux pays en 1974.

Doualemn a été envoyé, jeudi, par avion en Algérie mais a été renvoyé en France le jour même, l'Algérie ayant refusé de laisser entrer l'influenceur.

Le ministère des Affaires étrangères a ajouté que sa décision visait à "lui permettre de répondre aux accusations portées contre lui et de se défendre devant la justice française" à propos des accusations de diffusion de discours de haine contre des membres de l'opposition algérienne.

Cette crise sans précédent intervient dans un contexte de conflit diplomatique entre Alger et Paris, l'Algérie accusant la France de se ranger du côté du discours du Maroc sur la question du Sahara occidental.

L'Algérie, qui soutient l'appel du Front Polisario à l'autodétermination du Sahara occidental, s'oppose à l'approbation par la France de la proposition d'autonomie du Maroc.

La crise s'est aggravée après l'arrestation par l'Algérie, le 16 novembre, à l'aéroport d'Alger, de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, à son retour de France.

Arrivé en Algérie le 16 novembre dernier, il a été aussitôt arrêté et incarcéré pour “atteinte à l'unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays”. Sa détention fait suite à des déclarations tenues au cours d’un entretien accordé au média d’extrême droite Frontière, où il avait remis en cause les fondements de l'histoire algérienne contemporaine et ses démarcations frontalières actuelles.

Boualem Sansal cristallise une fracture profonde entre deux visions du monde : d'un côté, des cercles occidentaux qui le considèrent comme un défenseur de la liberté d’expression face à ce qu’ils appellent “l'islamisme fantasmé” ; de l’autre, une Algérie qui voit en lui un provocateur islamophobe et un allié des courants réactionnaires impérialistes et néocoloniaux.

TRT Français et agences