Le ministre turc de la Défense Yasar Guler (Others)

Le ministre turc de la Défense nationale, Yasar Guler, a réitéré, ce dimanche, la position de son pays sur la Syrie, soulignant que le démantèlement de l'organisation terroriste PKK/YPG était une priorité absolue.

"Notre principal problème en Syrie est le démantèlement de l'organisation terroriste PKK/YPG. Nous en avons parlé avec nos amis américains. Nous attendons d’eux qu’ils réévaluent leur position”, a déclaré Güler, révélant les discussions en cours entre la Turquie et les États-Unis.

Guler a souligné les progrès significatifs de la Turquie en matière de lutte contre le terrorisme, dans un discours prononcé lors de la réunion annuelle d'évaluation tenue à Ankara.

"Grâce aux opérations que nous avons menées, nous avons neutralisé 2 939 terroristes, dont ceux du nord de l'Irak et de la Syrie, depuis le début de cette année", a-t-il expliqué. "De plus, 99 terroristes se sont rendus."

Il a également noté que les opérations en cours de la Turquie perturbent considérablement les organisations terroristes à la faveur d’efforts continus et complets, au lieu d’opérations “limitées et ciblées dans le temps” qui avaient lieu dans le passé.

Selon le ministre, grâce à une exécution non conventionnelle, imprévisible et rapide, la Turquie a pu neutraliser les terroristes et démanteler les infrastructures critiques utilisées par les groupes terroristes.

"Lors de l'opération Claw-Lock, 1 136 terroristes ont été neutralisés dans des régions clés entre la Syrie et Qandil, une zone importante pour l'organisation terroriste", a développé Guler.

Les autorités turques utilisent le terme “neutraliser” pour laisser entendre que les terroristes en question se sont rendus, ont été tués ou capturés.

Les terroristes du PKK se cachent souvent dans le nord de l’Irak pour planifier des attaques transfrontalières en Turquie.

La Turquie a lancé en 2022 l'opération Claw-Lock pour cibler les cachettes du groupe terroriste dans les régions de Metina, Zap et Avasin-Basyan, dans le nord de l'Irak.

La position de la Turquie à l'égard de la population kurde

Le responsable turc a clairement indiqué que son pays n'a aucun problème avec les populations kurdes d'Irak et de Syrie. “Nous n'avons aucun problème avec nos frères et sœurs kurdes vivant en Irak et en Syrie”, a-t-il insisté.

“Notre problème est uniquement avec les terroristes", a poursuivi Guler.

Il a réaffirmé que le démantèlement de l'organisation terroriste PKK/YPG reste l'objectif principal de la Turquie en Syrie.

"Dans la nouvelle ère, l'organisation terroriste PKK/YPG sera tôt ou tard démantelée en Syrie. La nouvelle administration en Syrie, tout autant que nous, le souhaite", a ajouté Guler.

Au cours de sa campagne terroriste de 40 ans contre la Turquie, le PKK –répertorié comme organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l’UE– s’est rendu responsable de la mort de plus de 40 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. Les YPG sont la branche syrienne du PKK.

Ankara prête à fournir une assistance militaire à la nouvelle administration syrienne

Guler a également réitéré que l'objectif principal de la Turquie est de préserver l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie, d'achever le processus politique de manière pacifique et de nettoyer la frontière des éléments terroristes.

“Nous avons des accords de coopération avec de nombreux pays. Nous sommes prêts à apporter notre soutien si la nouvelle administration le demande” en Syrie, a indiqué le ministre turc de la Défense.

Bachar Al-Assad, qui a dirigé la Syrie d'une main de fer pendant près de 25 ans, a fui vers la Russie le 8 décembre courant, après que des groupes anti-régime ont pris le contrôle de Damas. Cette prise de pouvoir a eu lieu après que les combattants de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) se sont emparés de villes clés à travers le pays au cours d'une offensive rapide qui a duré moins de deux semaines.

Profitant de la chute d’Al-Assad, Israël a intensifié ses frappes aériennes contre des sites militaires en Syrie, en violation flagrante de la souveraineté du pays.

Attaques israéliennes, stabilité régionale

Le ministre Guler a, en outre, évoqué les actions récentes d'Israël, condamnant le ciblage de civils innocents, en particulier des enfants, à Gaza et au Liban.

Il a qualifié les actions d'Israël de “terrorisme d'État” et averti que son agression, y compris ses attaques contre la Syrie, pourrait déstabiliser l'ensemble de la région.

"La communauté internationale doit prendre des mesures concrètes contre l'agression israélienne, qui entraîne la région dans un grand danger", a lancé Guler.

Chypre, liens avec la Grèce

Sur la question de Chypre, le responsable turc a exprimé ses inquiétudes face à l'augmentation des activités d'armement de la part de l'administration chypriote grecque, qui, selon lui, pourrait perturber l'équilibre délicat de l'île.

Il a également critiqué la décision américaine de lever l'embargo sur les armes à Chypre, soulignant que la seule solution viable pour l'île est la reconnaissance de la souveraineté du peuple chypriote turc.

Chypre est embourbée depuis des décennies dans un différend entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, malgré une série d'efforts diplomatiques de l'ONU pour parvenir à un règlement global.

Les attaques ethniques, qui ont commencé au début des années 1960, ont contraint les Chypriotes turcs à se retirer dans des enclaves pour leur sécurité.

Le pays a connu un processus de paix intermittent ces dernières années, y compris l’échec d’une initiative en Suisse en 2017 sous les auspices des pays garants que sont la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni.

L’administration chypriote grecque est entrée dans l’UE en 2004, l’année même où les Chypriotes grecs ont bloqué à eux seuls un plan de l’ONU visant à mettre fin à un conflit de longue date.

Exercices militaires et défense régionale

Guler a, par ailleurs, évoqué les activités militaires de la Turquie, notant que 140 exercices ont été menés en 2024, y compris des opérations de l'OTAN, nationales et spéciales.

Il a souligné les contributions continues d’Ankara à la structure des forces de l’OTAN et à ses stratégies de défense régionale.

AA