Un homme traversant une route près d'un panneau d'affichage dégradé au sommet d'un bâtiment représentant le président syrien déchu Bachar al-Assad, à Damas. / Photo: AFP (AFP)

La Syrie a besoin de tout pour prendre un nouveau départ, a déclaré le ministre turc des Transports et des Infrastructures qui a indiqué que la Turquie a préparé un plan d'action pour rénover et reconstruire les aéroports, les ponts, les routes et les chemins de fer du pays déchiré par la guerre.

La Turquie prendra des mesures pour relancer l'aéroport de Damas dans un premier temps, a fait savoir le responsable, notant que cinq aéroports nécessitent des améliorations significatives.

Une équipe turque qui s’est enquis de l’état des aéroports a constaté l’absence de de système de radar. “Il existe une application de radar aérien que nous utilisons sur nos téléphones portables. Imaginez qu'ils essaient de le gérer à partir de cette application de téléphone portable”, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse dans la capitale, Ankara.

Des ordinateurs datant des années 1990 sont encore utilisés dans ces aéroports, et il n'y a pas d'appareils à rayons X, ni détecteurs, ni rien d'autre, a-t-il affirmé.

Il a ajouté que les pistes sont obsolètes et que le premier vol vers Damas et Alep s'est déroulé entièrement à l'initiative des pilotes, c'est-à-dire sans aucun système.

Chemin de fer du Hejaz

“Il y a des parties des chemins de fer qui vont de la Turquie au Hejaz (Arabie saoudite); elles n'ont pas été exploitées depuis longtemps. Nous les identifierons rapidement et prendrons des mesures pour assurer l'intégrité de la voie ferrée jusqu'à Damas en premier lieu”, a indiqué le ministre turc.

Le chemin de fer du Hejaz, long d'environ 1 750 kilomètres, a été construit par le sultan ottoman Abdulhamid II pour relier Istanbul, La Mecque, Médine, le Yémen et Damas. Il est entré en service en 1908.

Ce chemin de fer, qui a contribué au développement de la région, a été construit à des fins religieuses, militaires et politiques et garantissait aux pèlerins du Hajj un itinéraire sûr.

Autoroutes M4 et M5

La Turquie s'occupe des routes M4 et M5, mais Ankara a déjà fait beaucoup de travail, en particulier sur les autoroutes, a affirmé le ministre.

L'autoroute M4 relie la capitale, Damas, à Alep, tandis que l'autoroute M5 relie la ville méditerranéenne de Lattaquié à Alep. La M5, longue de 450 kilomètres, est une autoroute stratégique dans le sud de la Syrie, près des frontières avec la Jordanie et la Turquie.

Elle relie les plus grandes provinces du pays : Damas, Homs, Hama, Alep et Idlib.

Il s'agissait d'une route économique vitale pour le pays, reliant notamment le centre industriel d'Alep.

La M4, longue de 120 kilomètres, traverse également la M5. “Je peux dire que nous avons fait beaucoup de travail et réparé de nombreux ponts détruits”, a souligné le ministre turc.

Infrastructure de communication

Le ministre a estimé que la Syrie avait 20 à 30 ans de retard sur la Turquie en termes de communication, notant que les téléphones portables n'étaient pas utilisés dans de nombreux endroits. La Turquie prendra “les décisions nécessaires à ce sujet”, a-t-il encore assuré.

Concernant la monnaie, le ministre a indiqué que même si la Syrie n'était pas en mesure d'imprimer sa propre monnaie, la Russie imprimait pour elle.

“A l'heure actuelle, de nombreux pays d'Afrique sont dans une situation similaire ; certains pays développés impriment leur monnaie. À ce stade, la Turquie apportera son soutien à ces pays” a-t-il ajouté.

Importance de la Méditerranée

Il a également reconnu la position stratégique de la Syrie en tant que porte d'accès à la Méditerranée, mais a noté que ses ports sont sous-développés.

“Nous ferons très probablement des efforts déterminés pour réaliser des investissements spécifiques dans ce pays. Bien sûr, un accord de juridiction maritime, probablement, (est prévu??) afin que nous puissions protéger nos intérêts en Méditerranée orientale et dans la patrie bleue ; nos institutions compétentes prendront position à ce sujet, le jour venu”.

La Turquie avait déjà préparé un accord similaire avec la Libye.

La délimitation des zones de juridiction maritime est essentielle en raison de la présence de ressources en hydrocarbures en Méditerranée orientale, région qui comprend la Syrie, le Liban, Israël, l'Égypte, la Libye, la Grèce, la République turque de Chypre du Nord (RTCN) et l'Administration chypriote grecque de Chypre du Sud (GASC), en plus de la Turquie.

Bien que la question de la RTCN ne soit toujours pas résolue, la GASC a conclu des accords sur les frontières maritimes avec l'Égypte en 2003, le Liban en 2007 et Israël en 2010, au mépris de l'égalité des droits des Chypriotes turcs.

L'accord sur la délimitation de la juridiction maritime en Méditerranée, signé le 27 novembre 2019 par la Turquie et la Libye, est important car il protège les droits des deux pays en Méditerranée orientale.

L'histoire du commerce

La Turquie fera de son mieux pour faire revivre le commerce historique avec la Syrie.

En ce qui concerne l'exploration du pétrole et des hydrocarbures et compte tenu du droit international, “nous partagerons ou étendrons tous les types d'autorité en tant que deux pays. Bien sûr, il faut d'abord établir une autorité sur place. Par ailleurs, les salaires des fonctionnaires doivent être payés”, a-t-il détaillé.

Il a également déclaré qu'il existait un plan pour que les groupes armés déposent les armes.

Projet de route de développement

Se référant au projet de route de développement Irak-Turquie, le ministre turc a déclaré : “La première phase du port irakien de Fav sera mise en service en 2025, et les activités portuaires commenceront”.

La route de développement est un axe commercial important qui relierait l'Irak et la Turquie par des voies ferrées, des routes, des ports et des villes. Le chemin de fer et l'autoroute de 1 200 kilomètres relieront le port de Great Faw, qui vise à devenir le plus grand port du Moyen-Orient.

Avec la route de la soie irakienne, une route alternative au canal de Suez est en train d'être construite pour faciliter la fluidité et l’efficacité du commerce.

“Nous pouvons dire que le projet est plus ou moins terminé. Seules les négociations entre l'administration régionale et le gouvernement central sur l'endroit où elle passera dans le nord de l'Irak sont en cours, a-t-il déclaré, ajoutant : “Nous assurons actuellement le suivi”.

“Il y a des choses qui doivent être faites en Turquie ; nous les planifions. Environ 2 092 kilomètres de voies ferrées passeront par la Turquie”, a-t-il noté. Environ 1 900 kilomètres d'autoroutes feront également partie du projet, a-t-il ajouté.

TRT Français et agences