Vétérinaires, éleveurs et techniciens avicoles seront sur le pont à partir de lundi en France pour vacciner les canards contre la grippe aviaire.
Le programme cible les exploitations de plus de 250 canards de France métropolitaine (hors Corse), qu'ils soient élevés pour le foie gras, le magret et le confit (canards mulards) ou pour être vendus sous forme de filet et ou d'aiguillettes (canards de Barbarie principalement en France).
La profession a estimé qu'il faudrait vacciner une soixantaine de millions de canards d'ici à l'été prochain. A raison de deux doses par palmipède, la première commande de 80 millions de vaccins au laboratoire allemand Boehringer Ingelheim ne suffira pas. Paris devra donc lancer un autre appel d'offres.
La vaccination concerne des canetons récemment arrivés dans les élevages. L'injection se fait au 10e, puis 28e jour de vie du palmipède.
"L'immunité commence à s'installer à partir de la première vaccination. Elle est pleine et entière un mois après la deuxième administration", soit en décembre pour les premiers vaccinés, explique Jocelyn Marguerie.
Les vétérinaires superviseront la vaccination (commandes, traçabilité...) mais effectueront rarement l'injection: cette tâche incombera à l'éleveur, ses salariés éventuels et des techniciens de sociétés prestataires de services.
"Les éleveurs ont généralement l'habitude" du geste car ils vaccinent déjà leurs canards contre d'autres affections, relève Jocelyn Marguerie.
"Aventure nouvelle"
Le produit de Boehringer Ingelheim, qui se conserve au réfrigérateur, est injecté sous la peau, "à la base du cou entre les ailes", poursuit le vétérinaire.
Il n'y a "pas d'effet secondaire" pour ce vaccin qui "a déjà fait ses preuves ailleurs", en Asie et au Moyen-Orient, où il est surtout administré aux poules.
Une surveillance post-vaccinale est prévue pour s'assurer que la grippe aviaire ne circule pas à bas bruit.
"On va passer tous les 30 jours dans les élevages de canards pour faire des prélèvements afin de vérifier que le virus n'est pas rentré dans le bâtiment", précise le vétérinaire.
Le coût de cette campagne est estimé à près de 100 millions d'euros pour 2023-24, qui doivent être pris en charge à 85% par l'Etat et 15% par les filières de production.
Par comparaison, la crise de 2021-22 avait coûté au moins 650 millions d'euros aux finances publiques, notamment pour indemniser les éleveurs dont les animaux ont été euthanasiés. La somme n'est pas connue pour 2022-23.
Les éleveurs n'ayant pas vacciné leurs canards ne seront pas indemnisés en cas d'abattage sanitaire.
"On est en ordre de marche", rapporte Marie-Pierre Pé, directrice de l'organisation qui rassemble les professionnels du foie gras (Cifog). Ces derniers craignent toutefois de manquer de bras.
Pour son homologue de l'interprofession de la volaille Anvol (qui comprend les canards maigres), Yann Nédélec, "on est au démarrage d'une aventure nouvelle". Alors forcément, "on va essuyer les plâtres".