Jacques Chirac et Hafez Al-Assad en 1996 à Damas, lors d'une visite en Syrie marque une normalisation des liens entre les deux pays / Photo: AFP, (AFP)

Le chercheur français Michel Seurat, spécialiste de la Syrie a écrit un livre intitulé “Syrie, Etat de Barbarie”. Cette expression a été reprise par Emmanuel Macron dans son post du 8 décembre. Michel Seurat est enlevé au Liban en 1985 et meurt en captivité en 1986. Tout le monde y voit la main de Damas.

Malgré cela, Paris et Damas restent en contact et pourtant, durant les années Mitterand, il y a l’attentat de la rue Marbeuf (1982) et l’assassinat de l'ambassadeur français Delamare à Beyrouth (1981).

François Mitterrand n’était pas un soutien inconditionnel du régime syrien au début de son premier septennat, mais il se rend à Damas en 1984 pour y faire reconnaître par Hafez Al-Assad les intérêts français au Liban. C'était la première visite d’un chef d'État français dans la capitale syrienne depuis 1943.

Lorsque le cantonnement des forces françaises mobilisées est attaqué à Beyrouth en 1984 et fait 58 morts, l’attaque est officiellement attribuée aux Iraniens mais des survivants réfutent cette version et soutiennent que l’immeuble qui s’est écroulé appartenait à Rifaat Al-Assad, le frère de Hafez Al-Assad et accessoirement chef des services secrets syriens.

La France a-t-elle oublié ?

En 2000, lorsque des dirigeants pleuraient la mort de Hafez el Assad, l’éditorialiste du journal le Monde parle de concert de louanges “déplacées et déplaisantes”. “Que d'hypocrisie, ici et là, au nom de cette Realpolitik, effectivement pratiquée de main de maître par l'homme de Damas ! “

Jacques Chirac a joué la carte de la normalisation avec la Syrie. Il visite la Syrie en octobre 1996, suit une visite d'Etat de Hafez el-Assad en France en juillet 1998, et son fils Bachar, son successeur désigné, suit en novembre suivant.

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Pour la France, le dossier libanais prime, et la Syrie a pu bénéficier d’une sorte de “laissez faire”. Le Quai d’Orsay a toujours considéré Hafez Al-Assad comme incontournable pour continuer à peser au Proche Orient et a prêché pour une “normalisation” avec l’homme fort de Damas.

Mais la realpolitik se teinte parfois d’affinités. Le président Jacques Chirac est le seul chef d'État occidental à avoir assisté aux obsèques de Hafez Al-Assad en 2000 à un moment où le vieux patriarche était regardé du coin de l'œil pour la violence de son régime. ​​En 2001, le chef de l’Etat français remet la légion d’honneur à Bachar Al-Assad. L’Elysée insiste qu’à l'époque Paris pensait que le nouveau dirigeant de la Syrie serait un réformateur.

Les relations se détériorent entre la Syrie et la France seulement après l’assassinat en 2005 du Libanais Rafic Hariri, grand ami de présidents français.

C’est le président Sarkozy qui décide de renouer avec le clan Al-Assad. Il déroule le tapis rouge au fils ophtalmologue devenu président en l’an 2000. Les médias français vont adouber ce “couple moderne”, Asma et Bachar, qui est également présenté comme un rempart contre l'extrémisme. Aucun article ne mentionne les prisonniers politiques. L’heure est à la lune de miel entre Paris et Damas.

La France ou l’aura de l’ancienne colonie

Les exilés volontaires du régime syrien sont aussi plusieurs à choisir la France comme destination. Ainsi, l’oncle de Bachar Al-Assad, Rifaat Al-Assad a vécu son exil en partie à Paris. Il avait dû quitter la Syrie en 1984 après une tentative de coup d’Etat. Et même s' il est l'un des principaux acteurs du massacre de Hama, en février 1982 qui fit au moins 25 000 morts, qu’il a géré la terrible prison de Tadmor, la France le décore de la légion d’honneur en 1986. Les Syriens l’avaient surnommé “le boucher de Hama”.

Rifaat Al Assad, 82 ans, est condamné in absentia en 2020 à 4 ans de prison par un tribunal français non pas pour crimes de guerre mais pour détournement de fonds de l’Etat syrien à son profit.

Manaf Tlas, fils du ministre syrien de la Défense, commandant d’une brigade de la garde républicaine, qui était dirigée par Maher Al-Assad, choisit aussi la France lorsqu’il fait défection en 2012. Paris espérait un temps en faire un candidat potentiel pour remplacer Bachar Al-Assad, avant d’être discrédité par sa répression des manifestations du printemps arabe.

Il rejoint aussi en France, son père Mustapha Atlas, ministre pendant 30 ans de Hafez Al-Assad.

L’intime relation se brise définitivement au début du printemps arabe lorsque l’ambassadeur français à Damas, Eric Chevalier, se rend dans une manifestation à Hama en 2011 au début de la révolution. Les relations entre les deux pays sont rompues en 2012 et l’ambassade française est fermée, le lycée français passe sous administration syrienne.

TRT Français et agences