La fin de saison du Paris Saint-Germain est marquée par "l'affaire Idrissa Gueye". Le joueur qui avait refusé d'arborer le maillot au flocage arc-en-ciel le week-end dernier contre Montpellier, pour des raisons religieuses, dans le cadre de la journée contre l'homophobie, doit toujours clarifier ses motivations envers la Fédération française de football (FFF).
Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, le joueur parisien a pu compter sur le soutien total de la Fédération sénégalaise de football, qui n'a pas hésité à s'en prendre à la FFF. " C’est avec une grande surprise (et une grande inquiétude sur le traitement de certains joueurs essentiellement d’origine africaine, disons-le clairement) que la Fédération Sénégalaise de Football a pris connaissance de la lettre du 17 mai 2022 portant en-tête de la FFF et censée venir de son Conseil National de l’Ethique, débute le courrier. S’il est difficile de trouver les bases légales, statutaires ou réglementaires d’une telle démarche dans les textes du football ou du sport en général, sa finalité est par contre claire : contraindre le joueur à faire ce que son libre-arbitre ne l’incline à faire. Est-on vraiment dans cette France que l’on nous avait contée et racontée dans nos écoles, celle qui a comme devise la liberté, la fraternité et de l’égalité pour tous ? "
La FSF considère que Gueye ne doit en aucun cas se justifier auprès de l'instance française : "Il est un principe élémentaire en droit qui dit que nul ne peut être tenu à apporter la preuve d’un fait négatif. Nous devons tous nous sentir concernés par toutes les discriminations et pas seulement celles qui nous touchent personnellement (...) La tournure de la correspondance est d’autant plus inquiétante en ce qui concerne le respect des droits élémentaires du joueur qu’on y lit cette phrase qui sonne comme une sentence comminatoire sans jugement préalable : « en ne participant pas à cette opération, vous validez le comportement discriminatoire, "Une idée partagée par le chef de l'État sénégalais, Macky Sall, et par le ministre des Sports, Matar Bâ, qui avaient tous deux soutenu publiquement le joueur peu de temps après le match.
Mais l'organisme sénégalais ne s'arrête pas là et charge encore le CNE de la FFF : "S’est-il rendu compte qu’il est en train de stigmatiser le dit joueur en le classant d’emblée et sans son avis dans la catégorie des personnes discriminées ? Ainsi se présente toute la problématique des libertés de nos jours, elles ne sont plus universelles : il y a celles que l’on promeut voire impose, même au forceps s’il le faut, d’autres pour lesquels on détourne la tête et qui ne bénéficieront jamais d’une journée de championnat dédiée malheureusement (...) De deux choses l’une : soit ces supputations sont infondées et nous vous invitons sans délai à vous exprimer afin de faire taire ces rumeurs. Soit ces rumeurs sont exactes. Dans ce cas, nous vous demandons de prendre conscience de la portée de votre geste et de la très grave erreur commise."
La Fédération sénégalaise ne se cache plus et dit garder "le droit de saisir les instances internationales compétentes dans le domaine du sport, ou en matière de droits de l’homme pour que ce qui ressemble à un harcèlement institutionnalisé cesse."
Si le Paris Saint-Germain demeure silencieux, le groupe de supporters du Collectif Ultras (CUP) s'est exprimé sur le sujet et a tenu à afficher, sur les réseaux sociaux, son soutien à Idrissa Gueye. "Il est intolérable pour nous que son honneur soit ainsi jeté aux chiens et qu'il devienne le bouc émissaire des dérives homophobes de la société", indiquait le CUP ce mercredi sur Twitter.
Presque une semaine après la fameuse rencontre contre le MHSC, cette affaire s'envenime encore un peu plus chaque jour et semble loin de sa fin.