Aysenur Ezgi Eygi, Américaine d'origine turque, diplômée de l'université de Washington. / Photo: Reuters (Reuters)

La famille de l'activiste turco-américaine Aysenur Ezgi Eygi, tuée par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée en septembre, a affirmé qu'il était "frustrant d'entendre les mêmes choses" sans action significative après avoir rencontré le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

La réunion de lundi intervient alors que la famille continue d'exhorter l'administration Biden à lancer une enquête indépendante sur l'assassinat de la jeune femme. Des preuves montrent qu’elle a été ciblée de manière délibérée.

"Le secrétaire d'État nous a écoutés attentivement, mais il a malheureusement répété beaucoup de choses que nous entendons depuis 20 ans, en particulier depuis l'assassinat de Rachel Corrie", a expliqué Hamid Ali, le mari d'Eygi, à l'issue de la réunion au département d'État.

Rachel Corrie, une Américaine de 23 ans, a été tuée en 2003 par un bulldozer israélien alors qu'elle protestait contre la démolition de maisons palestiniennes dans la ville de Rafah, au sud de Gaza.

La mort d'Eygi, 26 ans, s'inscrit dans un contexte similaire. Un tireur d'élite israélien a ouvert le feu sur elle, le 6 septembre dernier, lors d'une manifestation pacifique contre les colonies israéliennes illégales près de Naplouse, en Cisjordanie occupée. Les témoignages et les autopsies pratiquées par les autorités turques et palestiniennes indiquent qu'il s'agit d'une attaque ciblée.

"Nous espérons que les choses seront différentes cette fois-ci", a déclaré l’époux de l’activiste, avant d'ajouter que la famille n'avait pas de grandes attentes.

Pas d'obligation de rendre des comptes

Ozden Bennet, la sœur d'Eygi, a dit que les États-Unis attendaient toujours une enquête israélienne, que la famille ne juge pas "crédible".

La famille a quitté la réunion en demandant à Washington de "faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il termine au moins son enquête sur l'assassinat de ma sœur avant le changement d'administration", a indiqué Mme Bennett.

Elle a noté qu'avant la réunion de lundi au Département d'Etat, personne de la Maison Blanche ou de l'administration Biden n'avait contacté la famille pour lui présenter ses condoléances, bien que des articles de presse aient suggéré qu'ils avaient été en contact.

Les États-Unis ont demandé aux autorités israéliennes de mener une "enquête rapide, approfondie et transparente" sur l'assassinat d'Eygi, trois mois auparavant, mais aucune responsabilité n'a été établie à ce jour, l'enquête étant toujours en cours.

Une enquête préliminaire menée par Israël a conclu qu'Eygi avait "très probablement" été touchée "indirectement et involontairement" par des tirs israéliens qui visaient un "principal instigateur d'activités violentes qui avait lancé des pierres" lors de la manifestation.

Des vidéos et des témoignages ont toutefois contredit la version israélienne des événements, beaucoup affirmant qu'un tireur d'élite israélien l'avait directement touchée alors qu'elle se tenait à l'écart de la zone de protestation.

Un rapport du Washington Post a également révélé qu'Eygi a été abattue plus de 30 minutes après le pic des affrontements à Beita et environ 20 minutes après que les manifestants aient parcouru plus de 200 mètres sur la route principale, à l'écart des forces israéliennes.

Un rapport du Washington Post a également révélé qu'Eygi a été abattue plus de 30 minutes après le pic des affrontements à Beita et environ 20 minutes après que les manifestants aient parcouru plus de 200 mètres sur la route principale, à l'écart des forces israéliennes.

Le 11 septembre, les procureurs turcs ont ouvert une enquête sur l'assassinat d'Eygi, qui a été inhumée dans la ville de Didim, dans l'ouest de la Turquie, après le rapatriement de son corps.

TRT Français et agences