"Justice doit être rendue avant toute discussion", a assuré,ce dimanche, le chef de l'opposition kényane Raila Odinga, plus d'un mois après le début de manifestations violentes qui ont secoué le pays d'Afrique de l'Est.
Le Kenya est touché depuis le 13 juin par des manifestations contre un projet de budget qui prévoyait de nombreuses augmentations d'impôts, finalement retiré par le président William Ruto devant l'ampleur de la mobilisation.
Les rassemblements ont viré au chaos le 25 juin lorsque des manifestants ont pris d'assaut le Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles. Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées depuis le début des rassemblements.
Pour Raila Odinga, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle en 2022, il est nécessaire d'avoir une "conversation nationale" entre des représentants de "différents secteurs dont la jeunesse, le gouvernement, les leaders religieux, professionnels du secteur de la santé, avocats et enseignants", a-t-il écrit dans un communiqué publié sur X, adressé à la jeunesse.
Mais pour M. Odinga, vétéran de l'opposition âgé de 79 ans, "justice doit être rendue avant toute discussion", évoquant au préalable notamment l'indemnisation pour les victimes des "violences policières".
Le gouvernement a été pris de court par les mobilisations, menées hors de tout cadre politique par des représentants de la "génération Z" (nés après 1997).
Pour répondre aux griefs des manifestants, le président avait limogé, le 11 juillet, la quasi-totalité de son gouvernement après avoir retiré le projet de loi le 26 juin.
Le 19 juillet, William Ruto a annoncé la nomination de 11 ministres dont quatre ont retrouvé leurs anciens portefeuilles y compris celui de l'Intérieur et de la Défense.
La coalition d'opposition Azimio, dont fait partie M. Odinga, a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne participerait pas à ce gouvernement, dénonçant, vendredi, dans un communiqué, des changements "cosmétiques".
Le projet de budget a catalysé un mécontentement latent contre le président Ruto.
Élu en août 2022 sur une promesse de défense des plus modestes, il a ensuite accru la pression fiscale sur la population.