Selon le collectif, 12.545 personnes, principalement des migrants, ont été expulsées entre 2023-2024, soit une hausse de presque 40 % en un an. Ce collectif regroupe 80 associations françaises à Paris et en province qui travaillent avec les migrants et les sans domicile fixe.
Le rapport publié ce 3 juin pointe une volonté “d 'invisibiliser” la pauvreté. Sur la période 2023-2024, le collectif a recensé 138 expulsions en Île-de-France (dont 64 bidonvilles, 34 tentes et 33 squats) contre 121 en 2021-2022 et 122 pour 2022-2023.
L'avocat Théodore Malgrain de Barreau de Paris Solidarité rappelle que 274 places d'hébergement étaient promises début janvier pour les grands marginaux présents à Paris. La dernière nuit de la solisarité avait recensé à Paris 3400 sans-abris. "Sur ces places promises, seules 73 ont été créées. En parallèle, nous avons perdu 3000 places d'hébergement en hôtels." Certains hôtels parisiens ont réalisé des travaux en amont des Jeux Olympiques et il a donc fallu libérer les chambres. L'avocat conclut sa présentation avec ces mots: "la réponse des pouvoirs publics est sous-dimensionnée."
Les pauvres sont envoyés en province
Ces personnes expulsées ou déplacées sont envoyées en province dans des dix centres d'hébergement pour 3 semaines. Ce dispositif a été mis en place pour les JO, il a été créé en mars 2023 et perdurera jusqu'en décembre 2024. Selon le collectif, 42% des personnes acceptent de monter dans ces bus vers la province, trouvent une solution d'hébergement mais le reste des personnes doivent contacter les dispositifs d'hébergement d'urgence sur place. Reste qu'en province ou à Paris, l'hébergement d'urgence est débordé, alors certaines personnes se retrouvent à la rue, ou reviennent par leurs propres moyens en île-de-France. Le collectif regrette une “quasi-inexistence” de diagnostic social” avec “une absence de considération des situations individuelles”.
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Le collectif dénonce l’installation de dispositifs anti-SDF (grilles, énormes blocs de pierre) le long des berges de la Seine où doit se dérouler la cérémonie d’ouverture des Jeux 2024. Camille François du Collectif d'accès au droit (CAD) estime que les Jeux Olympiques ont un effet accélérateur. Les évacuations de campements de rue se multiplient, 30 en 2022, 37 en 2023 et déjà 20 depuis le début de l'année.
Paris fait comme les autres villes olympiques
Mi-avril, le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à un logement digne Balakrishnan Rajagopal a même commenté sur X : “Les expulsions pour embellir Paris avant les Olympiques sont similaires à ce que la Chine, l’Inde et d’autres ont fait avant d’autres méga événements. Comment la France justifie-t-elle cela ?”.
Le Comité d’organisation des jeux olympiques (Cojo) est en contact avec le collectif depuis le 30 octobre 2023 mais, réunion après réunion, il explique que ce n’est pas de son ressort, qu’il n’est pas compétent sur les sujets d’urgence sociale. Il renvoie la balle vers la préfecture de Police de Paris.