Une part "assez importante" d'étudiants a renoncé à un emploi à Paris à l'issue de leurs études faute de logement, selon les syndicats / Photo: Reuters (Reuters)

"Les JO (26 juillet -11 août, NDLR) rajoutent de l'huile sur le feu et rendent plus explosive la bombe sociale qu'est le logement étudiant", alerte Eléonore Schmitt, porte-parole de l'Union étudiante, l'un des principaux syndicats étudiants.

Certains étudiants ont même dû, selon elle, "quitter Paris" pour trouver un premier emploi en raison de la hausse des prix des hébergements ou d'une fin de bail qu'ils n'avaient pas anticipée, plutôt que d'accepter des "logements insalubres à des prix trop élevés".

Interrogée par l'AFP, la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) estime que les Jeux olympiques, "événement de réputation internationale", sont bien "de nature à dérégler le marché". "Certains propriétaires font de la location à l'année mais se sont tournés vers des plateformes de location pour louer à la nuitée pendant cette période", observe Loïc Cantin, son président.

Fraîchement diplômée d'un master en management du sport, Claire, originaire de Bayonne, cherchait un emploi dans la capitale en lien avec les Jeux. Comme beaucoup d'autres étudiants, elle a dit adieu à cette ambition.

"A cause des prix des loyers, je n'ai pas pu me loger à Paris", explique la jeune femme, pour qui le logement a été le premier facteur bloquant, avant la question de l'entreprise. En attendant, elle a opté pour un job d'été dans la restauration à Anglet (Pyrénées-Atlantiques).

Selon la Fnaim, le prix moyen des loyers parisiens au mètre carré a augmenté de 3,5% entre 2022 et 2023, malgré l'encadrement des loyers en vigueur depuis 2019.

Parmi les prix jugés "excessifs", le groupe Orpi cite l'annonce d'une "maison de trois chambres avec jardin à louer à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) pour 500 euros la nuit".

Mais c'est surtout la pénurie d'annonces qui embolise le marché, souligne Jacques Baudrier (PCF), maire adjoint chargé du logement.

"Mission impossible"

"Depuis plus de dix ans, 8.000 logements locatifs privés disparaissent du marché chaque année à Paris du fait de l'augmentation, dans la même proportion, du nombre de logements vacants et de résidences secondaires", souligne l'élu, qui prévoit "que le nombre de logements vacants dépassera celui des logements loués dans quelques années si l'Etat ne régule pas le marché".

"Bien Ici", une plate-forme spécialisée dans les annonces immobilières en ligne, note ainsi une "multiplication par quatre, en cinq ans, de la tension locative à Paris".

Depuis l'été 2022, l'entreprise enregistre en moyenne "plus de 100.000 demandes de location à Paris chaque mois, contre 68.000 un an auparavant".

Et selon une enquête de SeLoger publiée en février, le stock d'annonces d'appartements à louer "a chuté de 74% en trois ans à Paris".

Hugo, étudiant en communication à Bordeaux a dû renoncer à un stage de fin d'études à partir de juin. "Je me suis renseigné auprès d'agences. Ils m'ont clairement expliqué que de juillet à août, ils n'auraient aucun logement et que s'ils en avaient, les places seraient chères", raconte-t-il, amer.

Cette difficulté à se loger à l'approche des JO était déjà palpable avant l'été, selon Yvenn le Coz, délégué national de l'Union nationale inter-universitaire (Uni), selon qui "beaucoup d'étudiants arrivés en cours d'année scolaire se sont plaints de problèmes de logement".

"Le second semestre était horrible pour les étudiants. C'était mission impossible de trouver un logement", regrette-t-il.

Selon Lodgis, un réseau d'agences spécialisé dans la location meublée, les Jeux transforment même "la mobilité professionnelle habituelle", dans la mesure où les entreprises aussi "limitent les déplacements de leurs collaborateurs à Paris par crainte de l’envolée des prix et les repoussent à septembre."

Le risque d'un étranglement de l'offre locative à la rentrée inquiète particulièrement les syndicats étudiants. "On craint que durant l’été, ce mal-logement explose et rien ne nous garantit qu'à la rentrée la situation se dégonflera", prévient Eléonore Schmitt, de l'Union étudiante.

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AFP