Les manifestants qui soutiennent le gouvernement et ses projets de réforme se sont rassemblés à Tel Aviv / Photo: AFP (AFP)

Le président israélien Isaac Herzog a mené des tractations de dernière minute pour parvenir à un compromis entre l'opposition et le gouvernement, y compris avec le Premier ministre qui se trouvait à l'hôpital où il a subi une intervention pour la pose d'un stimulateur cardiaque.

Lundi matin, Benjamin Netanyahu a quitté l'hôpital, selon le Sheba Medical Centre. Il avait indiqué dimanche qu'il se rendrait au Parlement dès sa sortie d'hôpital pour le vote.

Les manifestants qui soutiennent le gouvernement et ses projets de réforme se sont rassemblés à Tel Aviv, épicentre de 29 semaines consécutives de manifestations antigouvernementales.

La contestation populaire s'est intensifiée ces derniers jours. Après les grands rassemblements de dimanche, les manifestants sont de nouveau descendus dans la rue lundi. Beaucoup se sont rassemblés près du Parlement, où certains ont campé.

Selon le gouvernement, la réforme vise notamment à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Ses détracteurs estiment qu'elle risque d'ouvrir la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire.

Le président israélien, de retour d'une visite aux Etats-Unis, s'est rendu aussitôt à l'hôpital pour rencontrer M. Netanyahu qui a subi dimanche une intervention chirurgicale pour se faire implanter un stimulateur cardiaque.

"Il s'agit d'une situation d'urgence. Un accord doit être conclu", a déclaré M. Herzog dans un communiqué publié par son bureau.

M. Herzog a ensuite rencontré le chef de l'opposition, Yair Lapid, et devait aussi rencontrer l'ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, une autre figure de l'opposition. Le bureau du président n'a pas fourni de détails sur la teneur des entretiens.

"Stopper la législation"

Malgré son opération, M. Netanyahu s'était engagé à être présent lors du vote lundi. "Comme vous pouvez le constater, je vais très bien", a déclaré M. Netanyahu, selon une vidéo publiée par son bureau.

"Nous poursuivons nos efforts pour achever la réforme (...) et les efforts pour le faire en accord (avec l'opposition)", a-t-il poursuivi. "Demain (lundi) matin, je rejoindrai mes amis au Parlement", a-t-il assuré.

Dimanche encore, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Jérusalem pour protester contre le projet de réforme, tandis que des manifestants se sont rassemblés à Tel-Aviv, en soutien au gouvernement.

"Nous voulons continuer de vivre dans un Etat juif et démocratique", a déclaré au début du débat au Parlement M. Lapid. "Nous ne renoncerons pas à l'avenir de nos enfants", a-t-il lancé cet ancien premier ministre qui a demandé de "stopper la législation" sur cette réforme.

Le vote final lundi portera sur la clause de "caractère raisonnable" des décisions du gouvernement, qui permet aux juges d'annuler les décisions de ce dernier.

L'ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, a appelé dimanche au dialogue, estimant "qu'on peut arriver à un accord mais nous devons arrêter" la législation sur cette mesure.

"Nous devons continuer la pression, nous devons sauver notre démocratie", affirme à l'AFP Amir Goldstein, qui a passé la nuit devant le Parlement.

Joe Biden exhorte Israël à reporter la réforme judiciaire

Le président américain Joe Biden a exhorté Israël dans un communiqué dimanche à ne pas précipiter la réforme judiciaire de plus en plus "source de division", compte tenu des défis auxquels est confronté l'allié des Etats-Unis.

Dans un communiqué publié sur le site d'information Axios, puis transmis à l'AFP par la Maison Blanche, M. Biden a déclaré : "Ce n'est pas sensé que les dirigeants israéliens précipitent (la réforme), l'objectif devrait être de rassembler les gens et de trouver un consensus".

"Du point de vue des amis d'Israël aux Etats-Unis, il semble que la proposition actuelle de réforme judiciaire soit de plus en plus une source de division", a-t-il ajouté.

Approuvée en première lecture dans la nuit du 10 au 11 juillet, la clause sur le "caractère raisonnable" avait contraint en janvier M. Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement, Arié Dery, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l'intervention de la Cour suprême.

D'autres mesures provoquent le mécontentement des manifestants, comme celle modifiant le processus de nomination des juges, déjà adoptée par les députés en première lecture.

"Nous n'avons pas de Constitution et alors que la Cour suprême est la seule à protéger nos droits, ce gouvernement tente de la détruire", a fustigé auprès de l'AFP une manifestante, Shanna Orlik.

Les critiques du Premier ministre, en procès pour corruption, l'accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement prononcé à son encontre.

Jeudi soir, M. Netanyahu a affirmé rester "ouvert" à des négociations avec l'opposition, alors que le projet suscite aussi des critiques à l'étranger.

Quelques jours plus tôt, M. Netanyahu, 73 ans, avait été hospitalisé à la suite de vertiges. Son bureau a annoncé le report des ses déplacements qui étaient prévus cette semaine à Chypre et en Turquie.

Agences