Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en déclarant la fin imminente de la “phase intense des combats contre le Hamas” à Rafah a visiblement le Liban en ligne de mire.
"Après la fin de la phase intense, nous serons en mesure de redéployer certaines forces vers le nord (la frontière avec le Liban,NDLR), et nous le ferons (...)", a déclaré le Premier ministre israélien réputé être un va-t’en-guerre au Moyen-Orient.
Le ministre israélien de la Défense, en phase avec son patron, menace lui aussi de transformer la tension à la frontière libanaise avec le Hezbollah en conflit de haute intensité. Yoav Gallant a averti lors d'une conférence de presse dans la foulée de sa visite à Washington, que l'armée israélienne était capable de ramener le Liban "à l'âge de pierre".
The Telegraph en précurseur
Visiblement, la perspective de la guerre contre le Liban “pour en finir avec le Hezbollah”, préoccupe les dirigeants israéliens. Du coup, la presse israélienne ou pro-israélienne prépare déjà les esprits à cette éventualité.
C’est le quotidien anglais The Telegraph qui, sur son site internet, a montré la voie entraînant beaucoup de médias israéliens sur ce sillage. Un article écrit essentiellement sur la base de “témoignages” de “lanceurs d’alertes” anonymes soutient que le Hezbollah ”stocke d’énormes quantités d’armes, de missiles et d’explosifs iraniens dans le principal aéroport civil de Beyrouth”.
Subtilement, le journal semble encourager l'armée israélienne à intervenir au nom de la "légitime défense”.
“Ces révélations font craindre que l’aéroport Rafic Hariri, situé à seulement six kilomètres du centre-ville, ne devienne une cible militaire", fait remarquer le journal anglais.
Le ministre libanais des Transports Ali Hamié a démenti dimanche que le Hezbollah stocke des armes à l'aéroport de Beyrouth, alors que l’on redoute l’extension du conflit entre le mouvement libanais et Israël.
"Je fais cette conférence de presse pour clarifier que tout ce qui a été écrit dans The Telegraph est faux et pour dire qu'il n'y aucune arme qui rentre ou qui sort de l'aéroport de Beyrouth", a déclaré aux journalistes M. Hamié, depuis l'aéroport international de Beyrouth, situé au sud de la capitale.
Le ministre a, en outre, invité les ambassadeurs et la presse à une visite d'inspection "ouverte à tous", sur le site de l'aéroport lundi matin.
De son côté, le syndicat libanais du transport aérien a dénoncé dans un communiqué "de simples déclarations erronées et mensonges visant à mettre en danger l'aéroport de Beyrouth et ses employés, tous civils, et ceux qui le fréquentent".
Une occasion pour des médias israéliens d'inciter l'armée a lancer une offensive militaire sur le Liban.
“Le Hezbollah utilise l'aéroport de Beyrouth pour stocker des armes iraniennes destinées à être utilisées contre Israël”, titre le site d’information israélien allisrael.com. Il reprend les grandes lignes de l’article du Telegraph.
Le site internet de la chaîne de télévision I24 semble plus pernitieux. Alors que le ministre libanais des Transports a organisé une visite d’inspection avec les diplomates et journalistes, il titre: “Armes du Hezbollah à l'aéroport de Beyrouth: les journalistes interdits d'entrer dans une zone de fret”.
Un titre qui suggère que les journalistes ont été interdits d’inspecter l'aéroport, au motif que le Hezbollah dissimulait des armes.
“Lors de la visite, des dizaines de journalistes et d'ambassadeurs ont été accompagnés à travers certaines parties de l'aéroport, mais seuls les diplomates ont été autorisés à entrer dans l'un des bâtiments de manutention de fret en raison de ‘problèmes d'organisation’, tandis que les journalistes ont dû attendre dehors sous la chaleur”, écrit le site internet de I24”.
Dans les faits, les journalistes ont bel et bien inspecté des pans de l'aéroport en compagnie des diplomates.
Jforum, site d’information juif francophone, reprend à son compte l’argumentaire du chroniqueur militaire du Telegraph et titre :” Les informations sur les caches d’armes iraniennes à l’aéroport de Beyrouth proviennent de sources fiables”.
The Times of Jerusalem lui aussi reprend les principales informations contenues dans The Telegraph et présente le Hezbollah comme une “menace existentielle pour Israël”.
Un précédent à Gaza
Dans son offensive militaire à Gaza, Israël utilise régulièrement les médias pour préparer l’opinion à accepter les pires crimes au nom du “droit à l'autodéfense”.
L’exemple de l'hôpital Al- Shifa, le plus grand centre hospitalier de Gaza, est un cas d'école.
Sans preuves, Israël a soutenu dans des médias locaux et américains que cet hôpital abritait en son sous-sol, un centre de commandement du Hamas” et un “réseau complexe” de tunnels. Des allégations qui n’ont jamais été étayées. Néanmoins, au nom du “droit à se protéger, Israël a détruit ce complexe hospitalier, le plus grand de l’enclave palestinienne”.
Beaucoup d’analystes et journalistes internationaux à l’instar de Jams North de Mondoweis, soutiennent qu'Israël mène ainsi une campagne médiatique pour valider une future guerre de grande ampleur au Liban.
C’est peut-être la raison pour laquelle, Netanyahu a pris la décision impopulaire de faire venir sous les drapeaux des jeunes israéliens ultra-religieux, jusque-là dispensés du service militaire.