À Gaza comme au Liban, l'armée israélienne s’apparente à une machine à distiller la mort à grande échelle, si l’on s’en tient aux chiffres des autorités palestiniennes à Gaza et des sources officielles libanaises.
Au 14 novembre 2024, Gaza a enregistré 43.732 morts, soit la capacité de la ville française de Châteauroux contre 103 370 blessés. Au Liban le nombre de victimes s'élève à 3 360.
La moyenne quotidienne de morts dans l’enclave se situe à 300, d'après le décompte d’Airwars, l’ONG britannique qui comptabilise les morts civiles dans les conflits depuis 2014. Emily Tripp, directrice d'Airwars juge ce chiffre élevé, en comparaison avec les autres conflits dans le monde.
D'après des enquêtes de journalistes palestiniens et israéliens, cette recrudescence de victimes civiles à Gaza est la conséquence directe de l’utilisation de l’intelligence artificielle par l'armée israélienne.
Le +972 Magazine et Local Call révèle que l’armée israélienne a développé un programme basé sur l’intelligence artificielle connu sous le nom de “Lavender”.
Le système informatisé traite une quantité énorme de données de tous types, issues de l'appareil de surveillance de masse mis en place par Israël (appels téléphoniques, photos, informations du champ de bataille, activités sur les réseaux sociaux).
Au début de la guerre, révèle, le journaliste israélien Yuval Abraham basé à Jérusalem, “l’armée a donné son accord général aux officiers pour qu’ils adoptent les listes de cibles de Lavender, sans avoir à vérifier minutieusement pourquoi la machine faisait ces choix ou à examiner les données brutes de renseignement sur lesquelles ils se basaient”.
Il s'avère ainsi que le personnel humain préposé à la gestion du logiciel d’intelligence artificielle ne sert qu'à entériner les décisions de la machine. Le temps pour recouper les informations est extrêmement bref, environ “20 secondes” pour chaque cible avant d’autoriser un bombardement.
Selon l'enquête de +972 Magazine, la hiérarchie militaire israélienne a décidé au début de l'utilisation de "Lavender" que la mort de 15 à 20 civils était "acceptable" dès lors qu'une cible était validée par le système, quelle que soit son importance. Mais dans les cas d'individus plus haut placés dans la hiérarchie du Hamas, ce chiffre pouvait monter à 100.
Au bout du compte, l’on se retrouve avec 43 736 morts à Gaza en un peu plus d’un an et deux mois d'offensive militaire israélienne. D'après les Nations unies, environ 80% des victimes vérifiées ont été tuées dans des immeubles résidentiels ou des logements similaires, dont 44% d’enfants et 26% de femmes.
Israël a ainsi donné le pouvoir au programme d’intelligence artificielle “Lavender” de distiller la mort à Gaza, à des dizaines de milliers d’innocents. Un précédent qui fait craindre aux défenseurs des droits humains, une généralisation à l'avenir de telles pratiques.