L'organisation Human Rights Watch a expliqué, dans un rapport publié ce jeudi, qu'il existe une tendance à supprimer de manière injustifiée des contenus pro-palestiniens, y compris le débat public sur les droits humains des Palestiniens.
Le rapport de 51 pages intitulé “Rupture des promesses... Métapolitiques et censure des contenus liés à la Palestine sur Instagram et Facebook”, indique que le problème est dû à un défaut dans les politiques de l’entreprise et leur mise en œuvre “entachées de contradictions, d'erreurs et d'un recours excessif à des outils automatisés pour modérer le contenu en plus de l’influence du gouvernement sur les suppressions de contenu”.
Selon Debra Brown, directrice par intérim de la Division Technologie et Droits de l'Homme à Human Rights Watch, la censure par Meta des contenus soutenant la Palestine «aggrave les choses”, précisant que “les médias sociaux sont des plateformes essentielles qui permettent aux gens de témoigner des violations et d'exprimer leur rejet”.
L’organisation affirme avoir examiné 1.050 cas de censure dans plus de 60 pays et constaté qu’ils étaient cohérents avec les conclusions de rapports d’organisations palestiniennes, régionales et internationales de défense des droits de l’Homme détaillant la censure par Meta des contenus pro-Palestiniens.
Modèles de contrôle
Human Rights Watch a observé six principaux modèles de censure, chacun se produisant dans au moins 100 cas : suppression de contenu, comptes suspendus ou supprimés, incapacité d'interagir avec le contenu, incapacité de suivre ou de marquer des comptes, et restrictions sur l'utilisation de fonctionnalités telles que la diffusion en direct sur Facebook/Instagram et réduction de la visibilité des publications d'une personne sans préavis (shadow ban).
Dans plus de 300 cas, les utilisateurs n'ont pas pu faire appel de la suppression d'un contenu ou d'un compte en raison d'un défaut dans le mécanisme de recours, les privant de recours efficaces, selon le rapport.
Dans des centaines de cas documentés, Meta s’est appuyée sur la politique des «organisations et individus dangereux», qui intègre pleinement les listes d’”organisations terroristes” désignées par les États-Unis.
Meta s'est appuyée sur ces listes et les a appliquées de manière globale pour restreindre l'expression légitime concernant la guerre à Gaza, selon Human Rights Watch.
"Meta consciente des failles"
Le rapport indique que Meta est consciente des failles dans la mise en œuvre de ces politiques, rappelant que Human Rights Watch a averti, dans un rapport publié en 2021, que l’entreprise “fait taire de nombreuses personnes de manière arbitraire et sans explication”.
Ayant partagé ses conclusions actuelles avec Meta, HRW rapporte que le géant américain des médias sociaux avait affirmé que sa responsabilité en matière de droits de l’homme et ses principes se tenaient derrière les “mesures de réponse immédiate aux crises” depuis le 7 octobre dernier.
L’organisation a, par conséquent, exhorté l'entreprise à réformer ses politiques et à garantir que les décisions de suppression de contenu soient transparentes et impartiales tout en autorisant l'expression légitime sur ses plateformes.