L'administration Biden ne considère pas les massacres de Palestiniens à Gaza par Israël “comme un génocide”, a déclaré, lundi, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, faisant fi de l'indignation mondiale face à la complicité et au soutien des États-Unis aux massacres d'Israël.
"Nous ne croyons pas que ce qui se passe à Gaza soit un génocide. Nous rejetons clairement cette hypothèse", a-t-il affirmé.
Le président américain, Joe Biden, a été vivement critiqué par ses propres partisans aux États-Unis pour son soutien à Israël. Les étudiants qui manifestent sur les campus universitaires contre les politiques américaines, ont surnommé Biden, "Joe le génocidaire".
Tandis que les Etats-Unis refusent de reconnaître la réalite du génocide à Gaza, des historiens israéliens, spécialistes de l’Holocauste, tels que Raz Segal et Omer Bartov avaient déjà affirmé que les massacres à Gaza et le déplacement de millions de personne étaient constitutifs d’un génocide. C’est aussi le cas d’Amos Goldberg, professeur d'histoire de l'Holocauste au département d'histoire juive et de la judéité contemporaine à l'Université hébraïque de Jérusalem, et auteur de l’ouvrage “L’Holocauste et la Nakba”.
Dans une tribune publiée sur ThePalestineProject, Amos Goldberg rejette les “arguments fallacieux” avancés par les partisans d’Israël pour nier les horreurs infligées à Gaza. Il affirme qu'Israël commet, bel et bien, un génocide.
“Les Israéliens se trompent en pensant qu'un génocide doit ressembler à l'Holocauste pour être classé comme tel”, affirme Goldberg et explique pourquoi il estime que les actions d'Israël relèvent du génocide.
Selon le professeur israélien, il existe suffisamment de preuves pour conclure qu'Israël commet un génocide à Gaza avant que la Cour internationale de Justice (CIJ) ne rende son verdict final sur le procès de génocide présenté par l'Afrique du Sud.
"Ce qui se passe à Gaza est un génocide car le niveau et la rapidité des tueries indiscriminées, des destructions, des expulsions massives, des déplacements, de la famine, des exécutions, de l'anéantissement des institutions culturelles et religieuses, de l'écrasement des élites (y compris l'assassinat de journalistes) et de la déshumanisation généralisée des Palestiniens, créent une image globale de génocide, d'un écrasement délibéré et conscient de l'existence palestinienne à Gaza", explique-t-il.
Goldberg rappelle que "le dénominateur commun" des génocides consiste en ce que leurs auteurs prétendent toujours que leurs actes sont motivés par la “légitime défense”.
"Historiquement, la légitime défense n'est pas incompatible avec le génocide, mais elle en est généralement l'une des principales causes, sinon la principale", ajoute-t-il.
Le génocide des musulmans bosniaques dans l'ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Myanmar, le génocide des Herero et des Nama en Afrique du Sud-Ouest (l'actuelle Namibie) par l'Allemagne, ainsi que l'Holocauste, sont cités par Goldberg comme des exemples où le génocide a été commis par "un authentique sentiment de légitime défense."
"Dans tous ces cas, les auteurs du génocide ont ressenti une menace existentielle, plus ou moins justifiée, et le génocide est survenu en réponse", poursuit Goldberg.
Nettoyage ethnique
Pour l’historien, Israël est en train de suivre la voie du génocide contre la population autochtone de la Palestine depuis sa fondation en 1948, puisque plus de la moitié de la population a été ethniquement nettoyée, rappelant qu'il existe “un lien entre le nettoyage ethnique et le génocide”.
"Nous pouvons apprendre du génocide des Herero et des Nama comment la domination coloniale, basée sur un sentiment de supériorité culturelle et raciale, peut dégénérer, face à la rébellion locale, en crimes horribles tels que l'expulsion massive, le nettoyage ethnique et le génocide. Cela devrait nous servir d'avertissement effrayant, ici en Israël, qui a déjà connu une Nakba dans son histoire”, conclut le professeur israélien.