Depuis le 7 octobre 2023, la violence contre les Palestiniens a atteint des proportions sans précédent dans les territoires occupés.
Si Gaza a été le théâtre d’une destruction massive, la Cisjordanie occupée, et notamment Hébron, est devenue le terrain d’une "guerre silencieuse" où les abus contre les civils sont devenus monnaie courante.
Un rapport de B’Tselem, basé sur 25 témoignages collectés entre mai et août 2024, dévoile une réalité glaçante : les violences infligées aux Palestiniens à Hébron ne relèvent pas de cas isolés, mais traduisent une politique délibérée et systématique.
Hébron, l’épicentre des tortures systématiques
Pour les Palestiniens d’Hébron, la vie est devenue un cauchemar quotidien.
Hébron est emblématique des tensions que connaît la Cisjordanie occupée. Dans cette ville de plus de 200 000 habitants, environ 900 colons israéliens vivent retranchés dans le centre, protégés par plus de 1 000 soldats.
Pour assurer la "sécurité" de ces colons, Israël a instauré un régime de séparation stricte : barrages routiers, checkpoints fortifiés et patrouilles militaires omniprésentes restreignent sévèrement la liberté de mouvement des Palestiniens, en particulier dans la zone H2, sous contrôle israélien.
Depuis octobre 2023, ces restrictions ont été drastiquement renforcées. Dans les semaines suivant l’attaque du Hamas, un couvre-feu total a été imposé, enfermant les Palestiniens dans leurs maisons pendant plusieurs jours.
Bien que le couvre-feu ait été assoupli, des restrictions nocturnes restent en place, privant les habitants d’une vie normale. Aller chez le médecin, visiter des proches ou simplement se rendre au travail est devenu un parcours semé d’obstacles.
La peur de croiser des soldats, d’être arrêtés ou attaqués à tout moment, a paralysé de nombreuses familles.
Certaines victimes, trop effrayées pour se rendre à l'hôpital après avoir été blessées, préfèrent endurer leurs souffrances chez elles, craignant des représailles ou des blocages aux checkpoints.
En privant les Palestiniens de toute sécurité, cette politique vise également à les forcer à quitter leurs terres. Ceux qui restent doivent faire face à une existence marquée par la peur, l’humiliation et l’incertitude.
Des abus quotidiens
Le rapport de B’Tselem met en lumière que des Palestiniens de tous âges –hommes, femmes, adolescents et enfants– ont été ciblés par des soldats israéliens.
Ces victimes ont été choisies au hasard, arrêtées alors qu’elles allaient au travail, faisaient leurs courses ou qu’elles étaient chez elles.
Les prétextes avancés par les soldats pour justifier ces arrestations étaient souvent dérisoires : une image sur un téléphone portable, un message sur Gaza, ou simplement le fait de passer par un checkpoint.
La plupart des victimes ont été emmenées dans des postes militaires ou des tours de guet, où elles ont subi des violences physiques et psychologiques.
Parmi les abus décrits : coups de poing, coups de pied et frappes avec des armes ou des bâtons, des coups portés aux organes génitaux ou des brûlures de cigarettes sur la peau, forçage à rester dans des positions douloureuses pendant des heures, souvent avec les mains attachées et les yeux bandés, privations de nourriture, d’eau ou d’accès aux toilettes.
Certaines victimes ont été forcées de se déshabiller ou menacées de viol, tandis que d’autres ont été exposées à des conditions extrêmement difficiles, comme un soleil écrasant ou un froid glacial, pour amplifier leur souffrance.
Usage d’armes
Dans plusieurs cas, les soldats ont utilisé leurs armes pour semer la terreur. Des tirs en l’air ont été signalés pour intimider les détenus, tandis que d’autres témoignages rapportent l’utilisation de grenades assourdissantes, y compris à l’intérieur de domiciles palestiniens.
Dans un cas particulièrement grave, un Palestinien a été blessé à la tête par une balle.
Ces abus ne se limitent pas à des actes de violence physique : les soldats ont également eu recours à des humiliations verbales, visant souvent la religion ou les membres de la famille des victimes.
Ces violences, loin d’être des dérapages isolés, s’inscrivent dans un climat général de déshumanisation des Palestiniens.
Depuis octobre 2023, les discours politiques et publics israéliens ont intensifié cette perception. Les Palestiniens sont souvent présentés comme un "ennemi collectif" ou des “animaux”, justifiant leur traitement comme des cibles légitimes.
Ce contexte explique les raisons pour lesquelles les soldats agissent sans craindre des représailles. Comme dans d’autres cas documentés dans les territoires occupés, les agressions contre les Palestiniens à Hébron ne font l’objet d’aucune enquête sérieuse.
L’impunité renforce la violence, les soldats étant encouragés à poursuivre leurs actions, considérées comme nécessaires dans le cadre de la "sécurité nationale".