Le président du Conseil présidentiel d'Haïti, Leslie Voltaire a remis au goût du jour la question du remboursement par la France de la dette coloniale.
Le 1er janvier 2025, à l’occasion de la célébration du 221e anniversaire de l'indépendance d'Haïti, il a réitéré la demande de remboursement par la France de la somme versée par Haïti en compensation de la perte du territoire, le 1er janvier 1804.
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“Cette injustice inqualifiable constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. Et malheureusement, le paiement de ces rançons a contribué à compromettre de manière significative les perspectives de développement de la jeune nation”, a insisté le président du Conseil présidentiel d'Haïti.
Une occasion pour lui d’envoyer “un message clair aux différents peuples de la planète”.
“Haïti, a-t-il martelé, réclame la restitution de cette rançon et la réparation des torts causés par l'esclavage, reconnu depuis des années comme un crime contre l'humanité”, avant de conclure son propos.
“En d'autres termes, ce n'est pas une simple revendication, mais une nécessité pour que notre nation puisse retrouver la voie de la prospérité et du respect“, a souligné Leslie Voltaire.
Pour reconnaître et valider l'indépendance d'Haïti arrachée en 1804, la France est revenue dans l'île en 1824 avec un imposant détachement militaire de navires de guerre. L’objectif de cette intimidation orchestrée alors par le roi Charles X, était l’obtention d’une importante rançon en échange de la reconnaissance d'indépendance.
54 milliards de dollars de dette, selon le New York Times
Haïti dû payer à l'époque une somme exigée de “150 millions de francs français, versée en cinq tranches annuelles. C’est bien au-dessus des moyens du pays”, commente le New York Times qui consacre une minutieuse enquête d’un an sur ce sujet.
Le quotidien américain évalue cette somme à 56 milliards de dollars actuels ! C’est “le néocolonialisme par la dette”, commente Thomas Piketty, l’un des économistes consultés par le New York Times. “Cette fuite a totalement perturbé le processus de construction de l’État”, ajoute-t-il.
Haïti est actuellement en proie à une instabilité socio-politique entretenue par des gangs qui ont pris le pays en otage. Outre la pauvreté, le pays souffre d’une absence de gouvernement.
Haïti est actuellement sans président ni parlement et n'a connu aucune élection depuis 2016. Le dernier chef d'État, Jovenel Moïse, a été assassiné en 2021. Le pays est géré par un Conseil transitoire provisoire dirigé par Leslie Voltaire.