Le groupe Bayard a été le théâtre d’une mobilisation jeudi. Cette action, lancée par les principaux syndicats de l’entreprise (CFDT, CFTC, CFE-CGC-CSN, CGT, SNJ), s’oppose à ce qu’ils perçoivent comme une infiltration idéologique de l’extrême droite au sein de leur entreprise.
En cause, la nomination d’Alban du Rostu à un poste stratégique, une décision qui suscite des inquiétudes profondes parmi les salariés.
Nommé directeur de la stratégie et du développement, Alban du Rostu est pointé du doigt en raison de son passé professionnel, notamment sa proximité avec Pierre-Edouard Stérin, entrepreneur connu pour ses positions ultraconservatrices.
Cet homme d’affaires, impliqué dans des initiatives politiques comme le projet Périclès, visant à fédérer la droite et l’extrême droite, est devenu une figure emblématique des milieux de la droite identitaire.
De 2021 à l’été 2024, Alban du Rostu dirigeait également le Fonds du bien commun, une organisation financée par Pierre-Edouard Stérin, qui ne cache pas ses inquiétudes quant au “grand remplacement”, une théorie raciste qui fantasme sur la disparition de la population française en raison de l’immigration.
Alban du Rostu a cependant nié toute implication dans ce projet, dénonçant des “procès d’intention” et affirmant qu’il n’interviendra ni dans les choix éditoriaux ni dans la gestion des rédactions.
Son rôle, selon lui, se limitera à diversifier les activités du groupe en développant de nouveaux pôles économiques. Une justification qui n’a pas suffi à calmer les inquiétudes.
Les syndicats ont donc fait grève de 14 à 15 heures, jeudi, ajoutant que “d’autres formes de mobilisation seront alors proposées pour le jeudi 5 décembre”.
“On ne veut pas de l’extrême droite à Bayard”, c’est “un refus viscéral”, a déclaré à un représentant syndical.
Rachat de l’ESJ
Outre cette nomination, un autre point de friction qui alimente la colère des salariés, est la participation de Bayard au rachat partiel de l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Paris, en partenariat avec des investisseurs comme Vincent Bolloré et Bernard Arnault.
Ce rapprochement avec des figures souvent associées à une ligne éditoriale conservatrice ou ultralibérale est vu comme une menace pour l’identité du groupe.
François Morinière, président du directoire de Bayard, a tenté d’apaiser les tensions en assurant que cette implication restait marginale et guidée par un “devoir de vigilance”.
Il a également défendu le choix d’Alban du Rostu, recruté pour ses “compétences” et démenti tout lien avec le projet Périclès.
Propriété des Augustins de l’Assomption, Bayard est un acteur majeur de la presse française, alliant foi catholique et ouverture sociale. Outre La Croix, il publie des titres variés comme Notre Temps, Le Pèlerin, ainsi que des magazines jeunesse emblématiques (Astrapi, J’aime lire, Okapi).