Le premier ministre grec porte la responsabilité politique de la mise sous surveillance d'hommes politiques et de journalistes par les services de renseignement du pays, a affirmé, mardi, la principale formation d'opposition.
Nasos Iliopoulos, le porte-parole de SYRIZA-PS, a déclaré à la radio publique ERT, que lors de son discours de lundi, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a admis que le gouvernement avait menti sur cette question.
"Nous avons un gouvernement qui a perdu tout sens de la légitimité démocratique", a-t-il déclaré, ajoutant que le gouvernement ne devrait pas être autorisé à rester une seconde fois de plus au pouvoir.
Faisant référence au journaliste Thanasis Koukakis, qui a été le premier à dénoncer sa mise sous surveillance, Iliopoulos a souligné que le public grec doit beaucoup au journalisme d'investigation pour avoir mis au jour cette affaire d’espionnage.
Yiannis Mantzouranis, juriste et membre du comité exécutif de SYRIZA, a affirmé que le Premier ministre s'est montré irresponsable et incompétent, plutôt que d'accepter sa culpabilité dans le scandale, selon le quotidien Avgi.
"Qui a donné l'ordre à ses proches de mentir en niant l'irréfutable ? Que se passe-t-il exactement avec le logiciel espion Predator ? Combien d'autres personnes ont été mises sous surveillance ?", a demandé Mantzouranis.
Et d’ajouter : " Pourriez-vous, après tout cela, lui faire confiance, non pas en tant que Premier ministre, mais même en tant qu'assureur ? ".
De son côté, Periklis Kourmoulis, un cadre supérieur du Parti communiste grec (KKE), a déclaré que le parti n'était pas optimiste quant à l'évolution de la situation, compte tenu du scandale des logiciels espions.
Il a mis en garde contre un environnement sombre et dangereux qui s'est formé au fil des ans et qui fait de chacun une cible potentielle de ces pratiques d’espionnage.
La présidente de la République grecque, Ekateríni Sakellaropoúlou, a fait une déclaration dans laquelle elle a souligné le caractère privé des communications : "La protection de la sphère privée en matière de communication est une condition fondamentale d'une société démocratique et libérale."
L'exception à cette règle, a-t-elle précisé, est prévue par la Constitution pour des raisons liées à la sécurité nationale.
Ekateríni Sakellaropoúlou a toutefois averti que "cette exception doit être interprétée de manière restrictive et que son application doit être conforme aux principes de l'État de droit."
Le scandale de la surveillance
Dans une allocution télévisée à la nation, Mitsotakis a reconnu que Nikos Androulakis, chef du parti socialiste PASOK, avait été mis sur écoute par les services de renseignement de l'État, mais a nié être au courant de cette surveillance.
"Bien que tout ait été fait légalement, l'EYP a sous-estimé la dimension politique de cette action. C'était correct dans la forme, mais inacceptable sur le plan politique", a affirmé Mitsotakis.
Cette annonce fait suite à la démission du chef de l'EYP, Panagiotis Kontoleon, et du secrétaire général du Premier ministre, Grigoris Dimitriadis, vendredi.
Le scandale a éclaté la semaine dernière lorsque Kontoleon a déclaré à une commission parlementaire que son agence avait espionné le journaliste Thanasis Koukakis.
Une enquête parlementaire a été lancée après que Nikos Androulakis s'est plaint au parquet d'une tentative de piratage de son téléphone portable avec le logiciel de localisation israélien Predator.