À Gaza, malgré les mises en garde de la communauté internationale, l'armée israélienne poursuit son offensive à Rafah, une ville frontalière avec l'Égypte dans le sud du territoire palestinien, destinée selon elle à “détruire les derniers bataillons du Hamas”.
Au moins 25 personnes ont péri dans des frappes et des tirs au cours de la nuit de dimanche à lundi, dont six au camp de réfugiés de Bureij (centre) et dix dans le secteur de Armadhiya, près de Khan Younès, selon des sources médicales.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pressé le groupe de résistance palestinien Hamas d'accepter le plan israélien en vue d'un cessez-le-feu à Gaza où Israël a poursuivi ses frappes dans la nuit de dimanche à lundi.
"Le secrétaire d'État a salué la volonté d'Israël de conclure un accord et a affirmé qu'il incombe au Hamas de l'accepter", a déclaré son porte-parole, Matthew Miller, après un entretien téléphonique de Blinken avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.
Les deux responsables ont discuté de "la proposition de parvenir à un cessez-le-feu plein et entier" dans la bande de Gaza en échange de la libération des otages retenus par le Hamas, selon M. Miller.
Après la présentation vendredi par le président américain Joe Biden d'un plan israélien en vue d'un cessez-le-feu, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé sa détermination à poursuivre la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas.
Dimanche, des témoins ont déclaré à l'AFP avoir vu des véhicules militaires israéliens dans l'ouest et le centre de Rafah. Ils ont signalé des explosions, des combats, des tirs continus avec des drones et des hélicoptères Apache.
Le Croissant-Rouge palestinien a dit recevoir des appels à l'aide de civils, mais ajouté que les bombardements rendaient "très difficile" l'accès à Rafah.
- "Nous resterons ici" -
Dans le nord du territoire, trois Palestiniens ont été tués, dont un enfant, dans un bombardement sur la ville de Gaza, selon une source hospitalière. Dans le centre, les secteurs de Deir al-Balah, Bureij et Nousseirat ont été visés par des frappes.
Dans le paysage dévasté du camp de Jabalia (nord), des habitants, de retour après la fin d'une opération terrestre israélienne, fouillaient les ruines. .
"Nous refusons de rester dans les écoles et les abris. Nous nettoierons autant que nous le pourrons et nous resterons ici", a assuré à l'AFP l'un d'eux, Fares Jabr.
La guerre acharnée lancée par Israël sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 36.439 morts, selon des données du ministère de la Santé à Gaza.
Le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte, médiateurs dans le conflit, ont appelé conjointement samedi "le Hamas et Israël à finaliser l'accord de cessez-le-feu sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden".
- Netanyahu sous pression -
Cette feuille de route proposée par Israël prévoit dans une première phase, selon Joe Biden, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération des otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Les contours de la deuxième phase seront négociés pendant le cessez-le-feu, qui pourrait devenir "permanent" si le Hamas "respecte ses engagements", selon M. Biden.
Mais Netanyahu a affirmé samedi que les "conditions" pour arriver à un "cessez-le-feu permanent", notamment la "destruction" du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la "libération de tous les otages", n'avaient pas changé.
Le Premier ministre israélien est sous forte pression dans son pays. Ses ministres d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont menacé de quitter le gouvernement s'il mettait fin à la guerre avant d'en finir avec le Hamas, alors que de nombreux Israéliens continuent de descendre dans la rue pour réclamer un accord assurant la libération des otages.
Il a néanmoins reçu le soutien du chef de l'opposition, Yaïr Lapid, et du président Isaac Herzog.
Le Hamas a dit considérer "positivement" la feuille de route annoncée par Biden, après avoir réitéré ses exigences d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total israélien de Gaza.
Gallant a déclaré dimanche qu'Israël, tout en menant ses opérations militaires à Gaza, était en train de "préparer une alternative de gouvernement" au Hamas après la guerre.
- "Pas de lait" -
Dans le territoire frappé par une catastrophe humanitaire majeure, le point de passage de Rafah avec l'Égypte, crucial pour l'acheminement de l'aide internationale, est fermé depuis que l'armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien le 7 mai .
Lors d'une réunion dimanche au Caire avec des représentants américains et israéliens, l'Egypte a réitéré son refus de voir le côté palestinien du poste-frontière contrôlé par Israël, selon un haut responsable cité par un média égyptien.
Les organisations humanitaires affirment que l'aide qui entre dans la bande de Gaza est insuffisante et n'atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin.
"Les enfants meurent de faim", a averti samedi la porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Harris.