Blinken au Niger, alors que le soutien occidental s'érode en Afrique de l'Ouest (Others)

M. Blinken sera le premier haut diplomate américain à se rendre dans l'ancienne colonie française, base militaire clé pour les forces occidentales dans leur lutte contre les terroristes au Sahel.

Le secrétaire d'Etat, attendu à la mi-journée à Niamey, devrait annoncer davantage de soutien américain au Niger, pays enclavé qui est l'un des plus pauvres de la planète.

Durant sa visite mercredi en Ethiopie, M. Blinken a déclaré que ses déplacements dans les deux pays étaient parties intégrantes de l'engagement du président Joe Biden à être "à fond pour l'Afrique avec l'Afrique".

"Cela signifie que les États-Unis sont attachés à des partenariats profonds, réactifs et authentiques sur le continent", a déclaré M. Blinken à des journalistes.

L'administration Biden souhaite s'engager davantage sur le continent pour contrer les influences croissantes sur le continent de la Chine et - plus récemment - de la Russie.

Le Mali, pays frontalier à l'ouest du Niger, s'est rapproché de la Russie, avec notamment la présence de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, et Bamako a rompu l'alliance militaire avec la France et ses partenaires.

En février, le Mali était l'un des six pays à avoir rejoint la Russie en votant contre une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies exhortant Moscou à se retirer de l'Ukraine à l'occasion de l'anniversaire de l’offensive.

Le Niger est depuis devenu un allié essentiel des efforts militaires français en Afrique de l'Ouest, avec 1.000 soldats qui y sont stationnés.

Les États-Unis ont également construit et exploité la Air Base 201 au centre de ce pays désertique, utilisée pour piloter des drones destinés à attaquer et surveiller des terroristes.

Établir les responsabilités

Anthony Blinken a entamé jeudi des pourparlers à Addis Abeba, capitale éthiopienne, avec les dirigeants de l'Union africaine (UA), dans le cadre des efforts de l'administration Biden pour faire preuve de déférence envers la région et éviter les perceptions d'un rôle autoritaire des États-Unis.

L'UA a négocié l'accord de paix signé à Pretoria en novembre 2022 qui a mis fin à deux ans de conflit meurtrier au Tigré, dans le nord de l'Ethiopie. Et les Etats-Unis ont joué un rôle crucial auprès des belligérants, soulignent des sources diplomatiques.

Anthony Blinken, après des entretiens mercredi avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et Getachew Reda, un haut dirigeant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), mouvement rebelle qui contestait son pouvoir, a déclaré que l'accord de paix tenait largement avec une "baisse très significative" des abus.

Mais il a également appelé à établir les responsabilités dans les atrocités durant la guerre. Le bilan exact est difficile à évaluer mais les Etats-Unis estiment que quelque 500.000 personnes ont péri durant ce conflit, plus qu'en Ukraine depuis l’offensive russe.

Autrefois considéré par Washington comme un symbole d'une nouvelle génération de dirigeants africains progressistes, le premier ministre éthiopien, prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir mis fin à 20 ans de guerre ouverte ou larvée avec l'Erythrée voisine, est passé au stade de quasi-paria.

Les Etats-Unis ont également depuis janvier 2022 exclu Addis Abeba de l'Agoa, initiative américaine permettant à des pays africains d'être exemptés de taxes sur certains exportations.

Le ministre des Finances éthiopien Ahmed Shide a déclaré que le gouvernement souhaitait un "dialogue national inclusif" pour répondre aux griefs.

"Des mécanismes de justice transitionnelle sont également mis en place pour garantir la justice et la responsabilité afin de mettre fin aux actes de violence perpétuels et de promouvoir l'impunité", a-t-il déclaré.

AFP