Une bannière brandie avec une image du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que des Israéliens manifestent contre le gouvernement et expriment leur soutien aux otages à Tel Aviv, le 28 décembre 2024. Photo : Reuters (Reuters)

Un négociateur israélien expérimenté, a reproché au Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir entravé les efforts visant à conclure un accord de cessez-le-feu global à Gaza, affirmant que Netanyahu s’opposait au retrait des troupes de l’enclave assiégée pour des raisons politiques.

Gershon Baskin, surnommé le "négociateur officieux" d’Israël avec le Hamas lors des négociations sur les cessez-le-feu, affirme que Netanyahu, qui est l’”unique décideur” sur cette question, et ses alliés ont “manipulé le dossier” et l’ont politisé pour leur propre intérêt.

“Il y a des gens [en Israël] qui croient que si vous plaidez en faveur d’un accord pour mettre fin à la guerre, vous êtes en fait un traître à Israël”, indique Baskin, faisant référence aux partis politiques et groupes d’extrême droite qui s’opposent à toute trêve avec le groupe de résistance palestinien. Plusieurs ministres du gouvernement appartiennent à ces groupes politiques notamment Ben Gvir et Smotrich.

Israël a tué plus de 45 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, dans sa guerre génocidaire contre Gaza au cours des 14 derniers mois. Tel-Aviv a transformé l’enclave densément peuplée en zone de guerre, bombardant les infrastructures au point de ramener le développement humain de la région “près de 70 ans en arrière”.

Un cessez-le-feu, toujours négocié mais jamais signé

Les tentatives répétées de conclure un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ont échoué depuis octobre 2023, bien que Netanyahu soit confronté à une pression croissante dans son pays pour mettre fin à la guerre à Gaza afin d’assurer le retour en sécurité des otages israéliens.

Les autorités de sécurité israéliennes seraient disposées à un compromis dans lequel Israël se retirerait de Gaza pour obtenir la libération des otages détenus par le Hamas.

Baskin se dit toutefois confiant qu’un cessez-le-feu pourrait être conclu dans les semaines à venir.

“On s’attend à ce qu’un accord soit trouvé dans environ trois semaines, lorsque le président (Donald) Trump entrera à la Maison-Blanche”, ajoute Baskin.

Il explique que le cessez-le-feu pourrait se concrétiser après l’investiture de Trump, car le président élu dira à Netanyahu qu’”il est temps de parvenir à un accord”.

“Le président Trump… est la seule personne au monde qui peut exercer une pression efficace sur Netanyahu”, affirme le négociateur chevronné, qui avait joué un rôle clé dans les négociations de 2011 avec le Hamas pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit en échange de la liberté de 1 027 prisonniers palestiniens.

Cependant, même si le cessez-le-feu entrait immédiatement en vigueur, la moitié des familles palestiniennes à Gaza n’auraient “nulle part où retourner”, Israël ayant détruit plus d’un tiers des infrastructures d’eau et d’assainissement du territoire assiégé.

Trump veut-il l’arrêt des combats avant son investiture ?

Le président élu Trump a publiquement exhorté Netanyahu à mettre fin à la guerre à Gaza. Trump a déclaré à Netanyahu lors d’une réunion en juillet dans son complexe de Mar-a-Lago, en Floride, qu’il souhaitait que “la guerre soit terminée avant [son] entrée en fonction”.

“Il devra dire à Israël qu’il doit se retirer de Gaza, se retirer des territoires occupés et permettre l’établissement d’un État palestinien à côté d’Israël”, indique Baskin.

Sous la présidence de Trump, Netanyahu n’aura “personne vers qui se tourner” pour obtenir de l’aide, contrairement aux administrations des présidents Joe Biden et Barack Obama, ajoute Baskin.

L’administration Biden sortante a fermement soutenu la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza, non seulement en bloquant les résolutions de cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi en fournissant à Israël des fonds et des armes au cours des 14 derniers mois.

En revanche, Trump a entretenu une relation conflictuelle avec Netanyahu, bien que sa première administration ait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017 et déplacé l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers cette ville, que la plupart des pays considèrent comme faisant partie des territoires palestiniens.

Trump avait également déclaré que Netanyahu était critiqué “à juste titre” pour l’incursion du Hamas du 7 octobre.

Sa méfiance envers le Premier ministre israélien remonte à novembre 2020, lorsque ce dernier s’est empressé de féliciter Biden pour sa victoire à l’élection présidentielle.

Les contours du cessez-le-feu

Le Hamas a déclaré la semaine dernière qu’Israël avait fixé de nouvelles conditions qui ont retardé la conclusion d’un accord de cessez-le-feu.

Des médias, citant un responsable palestinien anonyme proche des négociations, ont indiqué que les médiateurs avaient “réduit les écarts sur la plupart des clauses de l’accord” sans en préciser les détails.

Selon Baskin, les deux parties négocient toujours un accord de cessez-le-feu sur les bases de celui proposé par le président Biden à la fin de mai 2024.

La première phase de cet accord prévoit un cessez-le-feu de six semaines au cours duquel environ “30 ou 32 otages israéliens” seraient libérés en échange d’un nombre convenu de prisonniers palestiniens.

Israël a exigé que le Hamas présente une liste des otages qu’il libérerait, y compris des jeunes que le Hamas souhaite conserver jusqu’à la deuxième et dernière phase du cessez-le-feu proposé, explique Baskin, faisant référence aux conditions litigieuses qui bloquent actuellement l’accord.

“Mon message au peuple israélien et aux membres du gouvernement israélien est que tant que l’armée israélienne restera à Gaza, le Hamas restera au pouvoir à Gaza. Ils disposent d’un réservoir inépuisable de nouvelles recrues parmi les jeunes qui n’ont pas de vie, qui n’ont pas d’avenir”, conclut-il.

TRT Francais