Haya Hijazi, étudiante en médecine à Gaza, assiste les femmes enceintes à distance./ Photo: Instagram  Haya Hijaz (Others)

Il n’existe plus d'hôpitaux opérationnels à Gaza. Le système sanitaire, dans son ensemble, a été détruit par l'armée israélienne.

Pour soulager la douleur des femmes enceintes à Gaza, Haya Hijazi, étudiante en médecine dans l’enclave palestinienne, essaye de combiner réseaux sociaux et assistance à distance par téléphone.

“Je me souviens de la nuit froide du 23 décembre. J’étais terrifiée par les bruits des bombardements et incapable de dormir. Alors, je naviguais sur ma page Instagram, où de nombreux abonnés de Gaza recevaient des consultations médicales gratuites de ma part”, témoigne-t-elle sur le blog palestinien, The electronic intifada.

“Tout à coup, poursuit-elle, je reçois un appel d’une abonnée. Elle me dit qu’elle était piégée dans le nord de Gaza et qu’elle était en travail intensif. Elle m’informe qu’elle ne pouvait pas appeler une ambulance parce que les chars avaient encerclé la zone et que les tireurs embusqués étaient partout. Elle pleurait et hurlait, me suppliant de l’aider”.

Grâce aux instructions données au téléphone, l’accouchement s’est déroulé avec succès au milieu des crépitements d’armes et de détonations de canons.

Mais, raconte Haya Hijazi, la coupure du cordon ombilical constituait un véritable défi.

“J’ai ressenti une immense impuissance. Je ne pouvais atteindre ni la parturiente et son mari ni l’ambulance. La mère pleurait et son époux semblait terrifié. J’ai essayé de les calmer et leur ai recommandé d’utiliser une paire de ciseaux stérilisés ou un couteau après l’avoir fait bouillir dans de l’eau chaude pour couper le cordon ombilical. Puis l’appel s’est soudainement interrompu”, relate l’étudiante en médecine.

On ne sait pas la suite de cette histoire qui illustre la tragédie de donner la vie, aujourd’hui, à Gaza.

Haya Hijazi Hijazi en compagnie de ses collègues Dr Abdul Hakim Shahada, et Dr Merfat Abu Asr. / Photo: Instagram Haya Hijaz (AA)

L’UNICEF estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes à Gaza, dont plus de 180 accouchent chaque jour. 15% d’entre elles sont susceptibles de subir des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement et ont besoin de soins médicaux supplémentaires.

"La situation déjà précaire de la mortalité infantile et maternelle s'est aggravée à mesure que le système de santé s'effondre", soulignait, en janvier dernier, Tess Ingram, porte-parole de l’UNICEF. Elle ajoutait que “les mères sont confrontées à des défis inimaginables pour accéder à une nutrition, une protection et des soins médicaux adéquats avant, pendant et après la naissance".

La destruction des ambulances par l’armée israélienne complique l’assistance aux femmes enceintes de Gaza. (AA)

L'on s’attend, actuellement, à une explosion de la mortalité infantile, d’autant plus qu’avant le siège imposé par Israël, Gaza enregistrait déjà, d'après Oxfam, l’un des plus forts taux de mortalité néonatale dans le monde, avec 68% de l’ensemble de décès des nourrissons.

Comme solution durable, Oxfam demande d’urgence un cessez-le-feu total et un accès humanitaire sans entrave via Israël et l’Égypte afin de rétablir les services essentiels et fournir l’aide médicale dont la population a désespérément besoin, notamment à destination des femmes enceintes et des nouveau-nés.

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TRT Français et agences