Une manifestation de soutien aux droits du peuple palestinien devant les studios de la BBC à Glasgow en Ecosse, le 14 octobre 2023. / Photo: AA (AA)

Depuis le début de la guerre d’Israël contre Gaza, la couverture médiatique des événements a soulevé de nombreuses questions sur l’impartialité des grands médias occidentaux.

Dix journalistes ayant couvert la guerre pour CNN et la BBC ont révélé des exemples précis de partialité, de doubles standards et d'interférences dans les reportages visant à minimiser les atrocités commises par Israël.

Dans un documentaire d'Al Jazeera intitulé Failing Gaza: Behind the Lens of Western Media (Trahir Gaza : derrière l’objectif des médias occidentaux), ils expliquent comment leurs rédactions ont souvent diffusé de fausses informations israéliennes, malgré des alertes de la part des équipes sur le terrain.

Un exemple frappant concerne CNN qui a diffusé en novembre une fausse allégation israélienne. Le journaliste Nic Robertson a diffusé, après avoir intégré l’armée israélienne, un reportage affirmant que l'hôpital al-Rantisi de Gaza cachait des captifs israéliens.

L'information, basée sur un agenda écrit en arabe que l'armée israélienne avait interprété à tort comme une liste de gardes du Hamas, avait pourtant déjà été réfutée par des locuteurs arabophones sur les réseaux sociaux.

Cependant, CNN a persisté à diffuser cette fausse allégation, ignorant les avertissements des journalistes arabophones de son équipe.

Censure et minoration des victimes palestiniennes

Un autre aspect troublant de ces révélations concerne la manière dont les frappes israéliennes ont été rapportées.

Selon un journaliste de CNN qui a gardé l’anonymat, il était interdit de qualifier les frappes aériennes israéliennes de "frappes" sans confirmation de la part d'Israël, une pratique qu'il qualifie d'anormale dans le journalisme international.

Cette dépendance à la version officielle israélienne a contribué à dissimuler l’ampleur des destructions et des pertes humaines à Gaza.

En août dernier, lorsque le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que plus de 40 000 Palestiniens avaient été tués, CNN a choisi de mettre en doute ce chiffre, tandis que les experts affirmaient que le bilan pourrait être sous-estimé.

Cette minimisation, combinée à la demande de contextualiser les attaques israéliennes en "tenant le Hamas responsable", reflète une partialité systématique dans la manière de traiter les informations venant de Gaza.

Double standards à la BBC

Les journalistes de la BBC ont également dénoncé un traitement inégal des invités palestiniens et israéliens. Une ancienne journaliste de la BBC, a révélé qu’un groupe interne avait été créé pour scruter les profils en ligne des invités potentiels.

Ce groupe ciblait principalement les Palestiniens, les évaluant pour l’utilisation de certains termes comme "sioniste", tandis que les invités israéliens jouissaient d’une plus grande liberté d’expression et voyaient rarement leurs propos remis en question.

Un exemple notable est celui d'Idan Roll, un politicien israélien qui, lors d’une interview à la BBC, a affirmé sans preuve que des "bébés avaient été brûlés vifs" et "abattus d’une balle dans la tête" lors de l'incursion du Hamas en Israël.

Ces propos, largement démentis, n'ont pourtant pas été contestés par la présentatrice de la BBC, Maryam Moshiri.

Ces révélations ont conduit à une érosion de la confiance des journalistes en leurs propres rédactions.

Certains ont même démissionné, citant leur conscience et l'impossibilité de continuer à travailler dans des conditions où les principes journalistiques sont compromis. D'autres tentent de changer les choses de l'intérieur, mais ils se heurtent à une direction réticente à aborder leurs préoccupations.

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