Naledi Pandor, ministre sud-africaine des Affaires étrangères, a accusé Israël de créer un précédent en ignorant les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ), dénonçant une situation de “famine généralisée” dans la bande de Gaza.
En visite à Washington, la cheffe de la diplomatie sud-africaine a estimé qu’Israël créait une jurisprudence dangereuse en ignorant l’ordonnance de la CIJ.
“Les mesures provisoires ont été totalement ignorées par Israël”, a déclaré la ministre. “Nous assistons actuellement à une famine de masse (...) devant nos propres yeux“, a-t-elle ajouté. “L’humanité doit se regarder en face avec horreur et consternation et s’inquiéter de l’exemple que nous donnons“.
D’autres pays pourraient penser qu’ “il y a une permission, -- je peux faire ce que je veux et rien ne m’arrêtera“, a lancé la cheffe de la diplomatie sud-africaine.
“La CIJ n’a pas été respectée. Et le jour où un Africain lui manquera de respect, j’espère que l’on n’ira pas voir ce dirigeant pour lui dire “Ecoutez, vous avez transgressé les limites. Parce que vous êtes Africain, nous attendons de vous que vous obéissiez“, a-t-elle ajouté.
Saisie par l’Afrique du Sud, la CIJ a appelé Israël en janvier à empêcher tout acte éventuel de “génocide“ à Gaza, lui demandant de permettre la fourniture “de l’aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent“.
Israël a jugé “scandaleuses“ les accusations de génocide.
La CIJ, qui tranche dans les différends entre pays, émet des ordonnances, qui sont juridiquement contraignantes et sans appel, mais cet organisme de l’ONU n’a aucun moyen pour les faire appliquer.
En mars, Pretoria a demandé à la Cour d’imposer des “mesures provisoires” pour mettre fin à la “famine généralisée” résultant de l’offensive israélienne à Gaza.
Plus de 1,1 million de Gazaouis, soit environ la moitié de la population, sont confrontés à “une situation de faim catastrophique“, proche de la famine, selon l’ONU.
La guerre israélienne sur Gaza a fait, selon le ministère de la Santé du territoire, 31.819 morts, en majorité des civils.
La cheffe de la diplomatie sud-africaine a également évoqué la guerre en Ukraine lors de son passage à Washington, affirmant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rendra en Afrique du Sud dans les prochains mois.
L’année dernière, l’ambassadeur américain à Pretoria avait accusé l’Afrique du Sud d’avoir laissé un navire russe accoster pour s’approvisionner militairement, en dépit de sa neutralité déclarée dans le conflit avec l’Ukraine, une allégation ensuite démentie.
“Nous avons toujours voulu être dans une situation où nous serions capables d’être des facilitateurs“ entre l’Ukraine et la Russie, a-t-elle ajouté.
Alors que les États-Unis veulent maintenir une coopération avec l’Afrique du Sud, des parlementaires américains ont appelé à réévaluer la relation entre les deux pays.
Naledi Pandor a expliqué que les parlementaires avaient omis de consulter l’Afrique du Sud et que les démocraties devaient accepter les différences d’opinion.
“Chercher à punir l’Afrique du Sud en raison de divergences dans des domaines politiques particuliers est la réponse la plus malheureuse qui soit”, a-t-elle asséné.
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